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Par Dona Rodrigue le 5 Octobre 2012 à 20:36
Mieux vaut tenir sa langue dans le 69 !
Olivier Marchal rêve à part. Il ne s'est pas trompé de monde en nous racontant celui qui lui colle à la peau. « Gendarmes et voleurs » reste son jeu de prédilection. Cette fois, c'est sur le voleur que sa caméra est en planque. Libre adaptation de la biographie d'Edmond Vidal, virtuose braqueur des années 70. Le rideau s'ouvre sur un Gérard Lanvin préoccupé, anxieux de la barbe blanche, qui accède sur une terrasse face à la mer, se pose pour laisser poindre une pensée d'homme qui croyait avoir déjà vécu le pire. Et puis la narration s'installe. On prend le train en route, on se laisse guider, un peu décontenancé par les soubresauts du convoi.
Une histoire d'amitié entre truands sur plusieurs dimensions temporelles. Code de conduite strict, la parole sacrée qui tient lieu de serment. On savait se tenir en ce temps-là. Issus du peuple, les voyous respectaient la charte des fondamentaux humains. On fleurissait du mauvais côté du trottoir, mais quand on évoluait dans la foule, les racines bruissaient, on suscitait de la crainte mais on jouissait aussi d'un certain prestige, la conscience tenait le pavé.
C'est un film qui ne manque pas de gueules. Elles sont un rien caricaturales, mais c'est voulu. Sinon, y'a du grain, de l'huile, du camphre, le scénar a mijoté jusqu'au petit frisson et la réalisation, touillée à la cuiller de bois. Le rythme est saisissant, monstre asynchrone qui s'emballe jusqu'au chaos général. Image soignée, maltraitée par instant, mais dans l'ensemble, on évolue sous le lustre pampille, l'esthétique du Studio Harcourt. Lumière, pénombre, clair-obscur des tracas de l'âme. Dialogue minimaliste qui cherche à faire mouche. Résultat un peu bluffant.
Beaucoup de destins se croisent. Défi sur tous les plans. Mais casse-gueule comme pas deux. A-t-il réussi son pari Olivier Marchal ? Si y'a bien une erreur de goût, d'emblée, c'est le générique. Digne des séries B amerloques diffusées sur TF1 le samedi soir pour doper l'adrénaline des téteurs de Red bull. On entre dans l'histoire comme dans un ascenseur programmé pour aller et venir sur les paliers des diverses époques de la vie des héros. Le procédé fonctionne plutôt bien mais la transition est quelque peu pulsionnelle. Autour, c'est pas des enfants de chœurs, la messe est basse, le sabre tiré au clair en permanence. Scènes de violence précises, intenses, bien orchestrées, très réalistes, trop sans doute. Le libre-arbitre du réalisateur n'arrête pas le combat avant le KO, la caméra filme la sale besogne jusqu'au bout du détail. A l'arrivée, l'effort n'est pas récompensé. Le « déjà-su » emporte le zèle de l'ellipse, le « déjà-vu » donne presque envie de détourner le regard.
Tout s'articule autour d'une amitié d'enfance, du parcours de deux copains Edmond Vidal (Gérard Lanvin) et Serge Suttel (Tcheky Karyo) qui divergent après l'arrestation du gang des lyonnais. L'équation du temps qui passe sous les verrous. L'inconnu d'une parole qui reste en suspend comme un trousseau de clefs à la serrure d'un point d'honneur. Gérard Lanvin, fermé à double tour, livre une partition sobre et fataliste. Sa présence est irréprochable, mais c'est le manque de vie, d'émotions, de culture viscérale qui provoque cette impression de manque de chaleur. En revanche, Tcheky Karyo ne semble pas avoir trouvé dans ce rôle, la possibilité d'exprimer les nuances de son talent. Lui qui sait si bien manier l’ambiguïté des comportements, on le retrouve ici quelque peu emprunté, au ralenti de sa pulsation, à la limite du hors-jeu. Le commissaire (Patrick Catalifo) semble lui se contenter de compter les points derrière un miroir sans tain. La conviction fait défaut. On n'a peut-être pas assez exigé de lui pour contrecarrer plus solidement la morgue tenace des « tontons gitans. »
Acteurs et actrices suivent ce faux rythme avec plus ou moins de bonheur. Certaines scènes sont particulièrement réussies. Deux personnages tirent leur épingle du jeu : Dimitri Stroroge (Edmond Vidal jeune) qui porte l'intensité de son rôle avec un naturel sensible et détonnant, et Olivier Rabourdin (Charles Bastiani) qui en très peu de temps, marque d'une empreinte sûre l'une des plus belles scènes du film.
Olivier Marchal n'a pas encore la dramaturgie d'un Sergio Leone, le lyrisme d'un Francis Ford Coppola, la concision d'un Martin Scorsese, la noirceur d'un Jean-Pierre Melville, la folie d'un Emir Kusturica, mais je ne doute pas que ce film lui permette d'enrichir la palette de son talent. Il nous a remis une sorte de devoir, un exercice de style appliqué qui lui tenait à cœur. « Les lyonnais » mérite quand même le détour, ne serait-ce que pour la promesse qui s'y cache.
En attendant le prochain, avec une volonté qui devrait lui permettre de se libérer des contraintes de l'action, pour approfondir l'influence des contextes et les répercussions inattendues sur le destin des « mecs ». Et ces « mecs », flics ou voyous, il les aime assez pour les sublimer, nous faire oublier leurs erreurs de jeunesse et croire à leur rédemption, quelque soit leur camp. Voilà pourquoi peut-être, tous les espoirs sont permis.
ALDO CAMPO
sources - BLOG - http://aldocampo.blogs.sudouest.fr/tag/studio+harcourt
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Par Dona Rodrigue le 20 Août 2012 à 10:49Gérard Lanvin est né le 21 Juin 1950 à Boulogne-Billancourt. A 17 ans, il arrête ses études et vit de petits boulots dont vendeur de jeans sur les marchés. Son envie de faire la comédie lui vint assez jeune alors que le père de l'un de ses amis jouait dans la pièce de Molière "Le malade imaginaire". Lanvin fit alors connaissance avec Coluche et Miou-Miou qui se sont lancés dans une aventure du "café-théâtre" à laquelle il participe de plus en plus. A la suite d'une rencontre avec Martin Lamotte et l'actrice Christine Dejoux, ils s'associent pour monter à leur tour un nouveau "café-théâtre", "La veuve Pichard" après avoir sillonné la France avec son camion rempli de jeans. Après avoir servi d'homme à tout faire à la toute jeune troupe, il finit par se retrouver sur scène à l'occasion de "La Revanche de Louis XI", puis remplace Thierry Lhermitte dans "Amour, coquillages et crustacés" (version scénique des Bronzés), devient madame Germaine (la concierge) dans "Fromage ou désert", puis cuisinier du Prince Charmant dans la pièce de Philippe Bruneau "Elle voit des nains partout".C'est Coluche qui lui offre en 1977 son premier vrai rôle au cinéma dans "Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine" où il incarne le chevalier blanc. Lanvin est catalogué d'acteur comique et apparait ensuite dans le film "Bête mais discipliné"au côté de Claude Zidi. Après diverses apparitions dans des comédies, 1980 est pour lui l'année déterminante de sa carrière. En effet, au Festival de Cannes il tient la tête d'affiche du polar "Extérieur nuit" ainsi que de la comédie dramatique de Bertrand Tavernier : "Une semaine de vacances".Il est alors considéré comme l'un des espoirs du cinéma français. A la télévision, on le voit dans "La traque" de Philippe Lefebvre. En 1981, il enchaine avec le film "Une étrange affaire" au côté de Michel Piccoli pour lequel il obtient le Prix Gabin. 1982 est l'année de "Tir groupé" qui obtient beaucoup de succès, sans compter la nomination aux Césars de Lanvin. Tout cela confirme sa place d'espoir du cinéma français. Cette même année, Gérard Lanvin retrouve Michel Piccoli pour le film "Le prix du danger" puis en 1983 il tourne auprès d'Eddy Mitchell pour "Ronde de nuit". S'enchainent ensuite deux grand succès commerciaux avec "Marche à l'ombre" où Lanvin tourne avec Michel Blanc et "Les spécialistes" au côté de Bernard Giraudeau.Porté par le succès, Lanvin devient scénariste de "Moi vouloir toi",même si le film n'est pas vraiment reconnu, la chance lui sourit toujours car c'est là qu'il rencontre Jennifer avec laquelle il a tourné et qui deviendra sa femme. La comédie "Les frères pétards"qu'il tourne avec Jacques Villeret ne connait pas non plus vraiment de succès.C'est alors Claude Lelouche qui le relance en lui proposant deux rôles dans les films "Il y a des jours et des lunes..." qui remporta un vif succès et "La belle histoire" qui sera un semi-échec, le film étant peut-être trop ambitieux. Cet échec lui permettra de se remettre en cause et de choisir ses films avec soin. Pour y réfléchir, il s'éloigne des médias et de la célébrité dans l'Ouest de la France, à La Baule où il vit toujours maintenant. Son expérience lui permet maintenant de choisir des personnages plus mûrs et moins impulsifs.Les films s'enchainent avec notamment "Les marmottes" , "Le fils préféré" en 1994 qui lui permet de remporter le César du Meilleur Acteur en 1995, "Mon homme"... Grâce au film d'Agnès Jaoui, "Le goût des autres" , il remporte un deuxième César du Meilleur Acteur dans un second rôle. En 2001, Lanvin tourne "Le boulet"avant d'enchainer les tournages de , "La demi-mondaine amoureuse", "Les gens du fleuve", "A la petite semaine"avant de jouer le commissaire dans "San Antonio" . Après le film "Le parrain", il tourne auprès de Franck Dubosc, le film "Camping". Suit ensuite "Le prix à payer"au côté de Christian Clavier.En 2008, on le retrouve dans les films "Mesrine" et "Secret Défense" au côté de Nicolas Duvauchelle. D'autres projets sont en cours pour Lanvin ; "Envoyés très spéciaux", "Erreur de la banque en votre faveur", "La clinique de l'amour", "Des parents formidables" et "Malicorne". Si Lanvin envisage de prendre sa retraite d'ici deux ans, il ne chômerait pas pour autant et voudrait passer de l'autre côté de la caméra. Enfin, même si le succès est présent et que sa réputation n'est plus à faire, Lanvin reste toujours aussi naturel et fidèle à lui-même. Au lieu de jouer les people, comme le ferait certaines stars, et prendre la grosse tête, il préfère dès que son emploi du temps lui permet retrouver le calme de La Baule auprès de sa femme Jennifer et de ses deux fils : Léo et Manu.Image : Corbis
GERARD LANVIN
1976
L' Aile ou la cuisse1977Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine1979Les héros n'ont pas froid aux oreilles1979Bête mais discipliné1979Tapage nocturne1980L'entourloupe1980Une semaine de vacances1980Extérieur nuit1981Est-ce bien raisonnable ?1981Le choix des armes1981Une étrange affaire1982Tir groupé1983Le prix du danger1984Ronde de nuit1984Marche à l'ombre1985Les spécialistes1985Moi vouloir toi1986Les frères Pétard1987Saxo1989Mes meilleurs copains1990Il y a des jours...et des lunes1992La belle histoire1993Les marmottes1994Le fils préféré1995François Kléber [Série TV]1996Mon homme1996Anna Oz1997La femme du cosmonaute1998En plein cœur2000Le goût des autres2000Passionnément2001Les morsures de l'aube2002Le boulet20023 zéros2002L'age de glace [Doublure Voix]2003A la petite semaine2004San Antonio2005Les enfants2005Les parrains2006L'âge de glace 2 [Doublure Voix]2006Camping2006Le héros de la famille2007Le prix à payer2008Mesrine : L'ennemi public n°12008Secret défense2009Envoyé très spéciaux2009Erreurs de la banque en votre faveurProchainementLa clinique de l'amourProchainementDes parents formidablesProchainementMalicorneLES LYONNAISOlivier Marchal avec Gérard Lanvin et Tchéky Karyo
GERARD LANVIN
Un Grand MONSIEUR ! à titre personnel....
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