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    La Bandera - Julien Duvivier (1935)

    Publié le 09 septembre 2011 par Just1
     
    La Bandera - Julien Duvivier  (1935)
      
      
    Pierre Gilieth, un criminel français ayant tué un homme dans un bar de la rue Saint-Vincent à Paris, décide de fuir la France et s'engage dans la Légion étrangère espagnole. Sans le savoir, celui-ci est suivi par Fernando Lucas, un indicateur de police tenté par la prime.
      
    La légion, refuge ultime d'anonymes au passé douteux venu se fondre dans la masse d'autres camarades d'infortunes sur les fronts de guerre les plus exotiques pour se oublier et se reforger une identité. Un mythe vivace que le superbe film de Duvivier contribue largement à entretenir en servant tous les poncifs avec cet ode à la seconde chance incarné par l'uniforme, la discipline et la camaraderie masculine ainsi que l'évasion que véhicule les contrées inconnues parcourues.
      
    Ces éléments en apparences assez grossiers, La Bandera les transcende totalement par la grâce de la mise en scène de Duvivier et de la prestation puissante de Jean Gabin qui avec ce rôle mémorable gagne définitivement ses galons de star. Il est ici Pierre Gilieth, un homme dont le scénario entoure le passé de mystère si ce n'est l'ouverture où on assiste au meurtre qu'il commet rue Saint-Vincent.
      
      

    La Bandera - Julien Duvivier  (1935)
      
      
    L'errance et la cavale en Espagne ne nous en dirons guère plus sur lui et c'est véritablement lorsque engagé au sein de la légion ses actes nous révèlerons quelle âme se dissimule sous le meurtrier.
      
      
    Nul besoin d'explication ou de justifications trop appuyées, ses actes et son comportement parleront pour lui. Gabin, imposant, torturé ou amoureux passe de la force à la fragilité avec grâce exprime tout le mélange de violence encore non éteinte et de regret qui définit son personnage contraint à une certaine introspection dans ce cadre isolé.
      
    Grâce à lui, tous les autres personnages caricaturaux (Annabella en amourette exotique peinturlurée en prostituée arabe mai qui garde son aura fascinante...) s’éclairent d'un jour plus authentique et chaleureux souligné par l'excellente prestation de Raymond Aimos diablement attachant en soldat Mulot, ou d'un magistral Pierre Renoir parfait de droiture et de charisme en Capitaine Weller.
      
      

    La Bandera - Julien Duvivier  (1935)
      
      
      
      
    Duvivier adapte parfaitement sa mise en scène au cheminement intérieur de son héros. La réalisation baigne entre héritage du muet avec la très expressive séquence d'ouverture (mais aussi l'ampleur visuelle avec ce mouvement de caméra dévoilant des hauteurs puis une ruelle parisienne de studio à l'esthétique stylisée et volontairement factice) et une modernité percutante.
      
    Tant que Gabin se cherche et ne sait pas où il va Duvivier enchaîne les prouesses visuelles marquées, que ce soit les accélérés lorsque Gabin affamé fuit la police dans Barcelone, un arrière-plan remplaçant le décor par une projection du traumatisme d'ouverture pour figurer les cauchemars qui l'assaillent ou encore une séquence de démence aux cadrages chaotiques.
      
      
      

    La Bandera - Julien Duvivier  (1935)
      
      
      
      
    Le réalisateur amène progressivement une épure et une simplicité au fur et à mesure que l'on se fond dans le cadre de cette unité de légionnaire. L'ensemble devient plus apaisé et immersif quand la paix intérieur gagne Gabin (même si la recherche esthétique est toujours là voir les splendides scènes romantiques entre Gabin et Annabela presque oniriques et magnifiée par la photo de Jules Krüger) et Duvivier privilégie le quotidien finalement plus laborieux que réellement guerrier de nos soldats.
      

    La Bandera - Julien Duvivier  (1935)
      
      
      
      
    Adapté d'un roman de Pierre Mac Orlan (qui rapporta par la fiction ses propres reportages sur la légion et qui fut également soldat au sein de l'armée française) le film s'avère particulièrement réaliste dans sa description des rapports qui lient ses hommes et Duvivier met magnifiquement en valeur ses décors désertiques et rocheux brûlés par le soleil.
      
    Si bien captivé désormais, les passages obligés s'avèrent donc soudain chargé d'émotion avec la transformation au combat du jusque-là sournois Robert Le Vigan et l'hommage guerrier final à Gabin fort touchant dans sa solennité militaire.
    Sorti en dvd chez M6 Video
    extrait
      

      
      
      
      


    En savoir plus sur http://www.paperblog.fr/4833983/la-bandera-julien-duvivier-1935/#lewFceFPQBwUtvWh.99

     

     

     

     

     

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