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    Margarita Carmen Cansino, nait le 17 octobre 1918 à New York. Aînée d'une famille de trois enfants, fille d'Eduardo Cansino, danseur d'origines Espagnoles et de Volga Hayworth, danseuse Américaine. Issue d'une famille d'artistes, danseurs et acteurs, très fière de ses origines, elle disait volontiers avoir appris à danser avant d'avoir su marcher. D'ailleurs à l'âge de 4 ans, elle se produisait déjà à l'occasion d'un Récital au Carnegie Hall .

     

    Margarita voit en son père le mentor par excellence, son meilleur professeur. Ce dernier, exigea d'elle un travail sans relâche, veilla sur son éducation rigoureuse afin qu'elle devienne une danseuse accomplie. Obéissante, la jeune Margarita exécuta à la lettre les volontés de son père, ce qui lui permit plus tard d'apparaître avec une aisance et un naturel sans égal sur les plateaux de cinéma, qu'elle domina de sa prestance et de sa sensualité légendaire.

     

    Rita Cansino

     

    D'une timidité maladive, elle est pourtant obligée, dès son quatorzième anniversaire de suivre Eduardo au Mexique, où elle se produit avec lui régulièrement sur scène. D'une maturité particulière, elle parait bien plus que son âge, et peut facilement sembler non pas la fille d'Eduardo, mais sa femme.

     

     

    De son enfance Rita dira plus tard "Nous vivions dans une roulotte sale et sordide. J'enviais les gens qui possédaient des maisons solides et chauffées. J'étais une adolescente malheureuse. J'aimais mes parents, mes frères, le métier d'artiste, j'étais pourtant malheureuse." Très tôt la jeune fille apprend à connaitre le grand public, non pas celui qui fréquente les théâtres et les soirées mondaines, mais celui de la rue, des night club. On lui apprend à être provocante sur scène, à être le centre d'intérêt, à dominer scène et public.

    C'est à cette même période qu'elle subit les violences physiques de son père, l'inceste quotidien, dont la mère alcoolique, est incapable de la protéger. Ce secret terrible la rendra quasi mutique pour le reste de sa vie. S'apercevant bien vite du talent de sa fille, Eduardo l'oblige à abandonner l'école dans le but de « subvenir aux besoins de la famille » . Il fonde les « Dancing Cansino » et Margarita se produit dans les Night Club de Tijuana. En 1935, Winfield Sheehan, vice président de la Fox Film Corporation, de passage à Tijuana, est ébloui par le numéro et la grâce de l'adolescente. Il lui propose de venir à Hollywood tourner un essai. Malgré les réticences de Louella Parsons qui deviendra pourtant une de ses grandes amies, Margarita tourne quelques essais concluants. Rita Hayworth

     

    C'est ainsi qu'elle apparaît dans un court métrage Espagnol, puis après des cours de diction afin de masquer son accent hispanique, elle tourne Dante's Inferno et Under The Pampas Moon. Plusieurs autres films se succédèrent dans lesquels, elle accomplit de véritables prouesses. C'est au même moment que la Fox fusionne avec la 20Th Century Pictures et devient la 20Th Century Fox. Sheehan est remplacé par D.Zanuck, qui veut révolutionner sa nouvelle firme. Il ne renouvelle pas le contrat de Rita, qu'il devait considérablement augmenter pour garder.

     

    Entre temps, Eddie Judson, personnage louche qui se disait « pétrolier » avait jeté son dévolu sur la jeune femme, avec la bénédiction d'Eduardo Cansino. Volga Cansino, la mère de Rita, ne supportait pas Eddie Judson.

    Pour échapper à l'enfer de sa famille, elle épouse Judson en 1937, il avait 39 ans, elle en avait 19. Afin de faire connaitre son visage, Judson réinvestit l'argent que gagne Rita, dans la publicité, la photographie, Rita n'est plus une inconnue, elle apparait dans des magazines de mode, les publicités. Le plan de Judson fonctionne, il présente une photo de Rita à Harry Cohn, le président de la Columbia. Rita est très vite récupérée par la firme et Harry Cohn, tombe follement amoureux d'elle, obsédé par la jeune femme, il s'acharne à la faire céder.

     

    Refusant ses avances, Rita devra subir les humiliations quotidiennes de Cohn et ceci pendant plusieurs années, s'imaginant qu'elle était sa propriété. Il fit installer des micros dans sa loge pour être au courant de tous ses faits et gestes.

     

    Le plan de Judson fonctionne, il présente une photo de Rita à Harry Cohn, le président de la Columbia. Rita est très vite récupérée par la firme et Harry Cohn, tombe follement amoureux d'elle, obsédé par la jeune femme, il s'acharne à la faire céder. Refusant ses avances, Rita devra subir les humiliations quotidiennes de Cohn et ceci pendant plusieurs années, s'imaginant qu'elle était sa propriété. Il fit installer des micros dans sa loge pour être au courant de tous ses faits et gestes.

     

     

    Bathing Suit

     

     

     

    De 1938 à 1942 Aux portes du succés

    Cohn l'oblige à changer de look et à abandonner son nom pour Rita Hayworth (Hayworth, nom de jeune fille de sa mère sans le y, rajouté pour la différencier de son oncle qui était également acteur) . Toujours disciplinée, comme son père voulut qu'elle soit, elle obéit sans broncher. Elle tourne alors Who Killed Gail Preston en 1938, entre autres et Only Angel have Wings avec Cary Grant en 1939. Rita enchaine les films, et les firmes commencent à se la disputer. C'est ainsi qu'elle tournera Susan and God pour la MGM en 1940 et de The Strawberry Blonde pour la Warner Bros. Ce film était une adaptation de la pièce de James Hagan intitulée One sunday afternoon.

     

    Le rôle avait été initialement prévu pour Ann Sheridan, qui refusa le cachet et informa qu'elle avait un emploi du temps suffisament chargé. Rita la remplaça donc, mendiée par Jack Warner à Harry Cohn. Elle tiendra donc le rôle principal au côté de James Cagney, qui à 41 ans avait un prestige qui intimidait la jeune fille qu'elle était. Leur rencontre sur le plateau quelques jours avant le début des prises de vues, avait été pourtant tout à fait cordiale. Et même si les rapports entre Cagney et Olivia de Havilland étaient tendus, Rita, elle, avait d'excellentes relations avec l'un et l'autre des deux acteurs.

     

     

     

     

    The Strawberry Blonde est un succès... Rapidement, Rita devient une valeur sûre, elle est la Star incontestée de la Columbia, Terry Moore, dira même qu'elle faisait "marcher la boite", on appelait la Columbia, "les Studios Rita Hayworth". La même année, elle enchaine une série de films pour la Columbia dont Music on My heart , une comédie musicale, The Lady in Question , avec Glenn Ford, premier film d'une longue série avec lui. Puisque Rita Hayworth était déçue de ne pas avoir eu l'opportunité de tourner "Convicted Woman" aux côtés de Glenn Ford, qu'elle ne connaissait pas encore, Harry Cohn allait lui en donner la possibilité dans The Lady in question.

     

    Ce film est le remake américain de "Gribouille", grand film français, joué par Michèle Morgan et Gilbert Gil, dont les rôles seront tenus respectivement par Rita Hayworth et Glenn Ford. Le film tourné à Paris, devait s'intituler au départ "It happened in Paris", mais changea de nom peu avant sa sortie afin déviter toute confusion avec le film Gribouille qui fut adapté dans les théâtres américains sous le nom de "heart of Paris".

    The Lady in question est le premier véritable succès de Charles Vidor

    Douglas Fairbanks jr, sera son partenaire dans Angel Over Broadway. Rita dira "Les spectateurs ont pu ainsi comparer mon jeu, mon évolution, à quelques mois d'intervalle, dans des rôles très différents. Je garde un bon souvenir de Angels over Broadway et je me souviens que Ben Hecht a remporté le meilleur scénario original pour ce film, remis par la Motion Picture Academy "Rita Hayworth

    En 1941, Rouben Mamoulian, après avoir auditionné 37 actrices pour le rôle de Dona Sol dans Blood And Sand , exige de Zanuck, qu'il fasse venir Rita Hayworth au casting. Dès qu'elle passa la porte, il comprit qu'elle serait sa doña Sol. Il dira d'elle qu'elle avait une démarche nonchalante, débordante de sensualité, sans même s'en apercevoir. Son jeu était parfaitement maitrisé, elle était capable d'inventer chaque situation, chaque geste, chaque pose . Rouben Mamoulian se remémore dans ses mémoires , le jour où il est entré dans une pièce remplie de stars et de starlettes et que la présence de Rita éclipsait toutes les autres.«Rita n'a jamais été la plus belle, mais elle a toujours été la plus fascinante», dira-t-il encore. Zanuck mendie donc Rita à un Cohn triomphant.

    Elle joue avec une aisance particulière, l'implacable maitresse de Juan le matador (Tyrone Power), le film associant le trio Darnell, Power, Hayworth, est un réel succés. Rita réalise une magnifique performance. Elle est dès lors lancée sur le plan international et fait les "unes" des quotidiens et la couverture des magazines. Son visage lumineux et souriant est la grande révélation de cette fin d'année 1941. A cette occasion, elle trouve un ami qu'elle gardera jusqu'à la fin, le chorégraphe, Hermes Pan.

    Blood and Sand obtient l'Oscar de la meilleure direction artistique et les nominations pour meilleur décor et meilleure photo. De Tyrone Power et Linda Darnell, Rita dira " Mes rapports avec Tyrone Power, un homme très beau mais aussi très gentil, ont toujours été parfaits, comme d'ailleurs avec Linda Darnell, une grande actrice dont chaque apparition était un évènement cinématographique".

     

    Rita Hayworth

     

     

    C'est alors qu'Harry Cohn réalise qu'il détient une actrice hors pair, des plus sensuelles et des plus convoitées d'Hollywood. Danseuse avant tout, Rita enchaine deux films avec Fred Astaire, dont Glenn Shipley, historien du cinéma, dira qu'elle aura été sa partenaire préférée avec Ginger Rogers, la cousine de Rita du côté maternel. Ils tournent ensemble deux grands succès musicaux, You'll Never Get Rich (1941) et You were never Lovelier (1942). Le partenariat avec Fred Astaire sucite une alchimie qui touche le grand public. Fred Astaire lui trouvait une grâce incomparable... Rita dira " Le succès obtenu avec The Strawberry Blonde, Angel over Broadway et surtout Blood and Sand, me permettait d'avoir mon nom en tête d'affiche, seule avec une grande vedette masculine. Et cette vedette n'était pas n'importe qui! Monsieur Fred Astaire en personne. A 23 ans, tourner un tel film, est la réalisation d'un rêve commun à quantité de jeunes comédiennes " .

     

     

     

    Zanuck, qui réalise l'erreur d'avoir laissé partir Rita par le passé, fait encore appel à elle pour My Gal Sal qu'elle tourne avec Victor Mature en 1942. Encore un succès, d'après le scrïpt Magazine, « ce film en technicolor révèle l'absolue beauté de Rita Hayworth »

    Mais si Rita donne l'impression d'être fraiche et heureuse, sa vie privée est un fiasco. Après ses dures journées de labeur, elle se heurte à la mauvaise humeur de son époux, à ses doutes et sa jalousie maladive. Alors que sa femme travaille au studio, Judson s'emploie à gaspiller l'argent du ménage aux jeux. Après des chorégraphies fatigantes, il l'entraine les nuits dans les night club pour « asseoir sa notoriété » et la force à avoir des relations avec certains pontes pour décrocher des contrats, ce dont elle n'a nul besoin. Il n'est ni plus ni moins qu'un abject maquereau. Lorsqu'elle lui parle de divorce, il la menace de lui jeter du vitriol au visage, pour détruire sa beauté qu'il l'a aidé, dit-il, à construire. Rita entame tout de même la procédure de divorce la même année, et les pages des magazines se remplissent des amants potentiels de la belle Rita . Rita Hayworth

     

     

     

    Lorsqu'on lui demande qui elle va choisir, elle répond, amusée « I like Them all ! ». Elle choisira Victor Mature, avec qui elle eut une liaison passionnée et qui voulut l'épouser, elle se fiance avec lui, mais dépassée par les problèmes que posaient son divorce avec Judson, elle mit fin à leur liaison rapidement . Avant son divorce, Rita tourne l'un des sketches de Tales of Manhattan, prêtée encore une fois à la 20Th Century Fox, avec pour partenaire le français, Charles Boyer. A cette occasion elle immortalisera son nom devant le Grauman's Chinese theatre, en apposant ses empreintes.

    De Victor Mature, elle dira "Le caractère extrêmement doux de Victor m'a fait comprendre très vite le caractère odieux de mes relations avec Edward. Victor me demandait sans arrêt ce que je voulais faire, ce que j'aimais ou ce que je détestais. Des journées entières, nous parlions ensemble et il finissait toujours par mieux me comprendre, par savoir mieux que moi-même ce que j'étais capable d'accomplir. Victor m'a appris à raisonner, alors qu'avec Ed, je ne vivais que d'instinct. Il a été mon premier amour, puisque avant lui, je n'avais connu que Judson..."

     

     

    Rita Hayworth

     

     

    De 1943 à 1945 Amoureuse d'un génie

     

     

    Elle apprend également qu'on crie partout qu'Orson Welles veut aussi l'épouser, alors qu'elle ne l'a jamais rencontré. Ce dernier, est tombé tout à fait par hasard sur une photo de Rita en feuilletant le Life Magazine , sur le tournage de It's All True . Ses collaborateurs témoignent qu'il était subjugué, littéralement foudroyé par cette photo, il leur a dit catégoriquement qu'elle deviendrait sa femme. Après un premier rendez-vous, Rita n'est pas véritablement charmée par Orson.

    Quant à lui, il se rend vite compte que la femme qu'il a face de lui n'a rien à voir avec la pin-up qu'il voit sur les magazines, elle est indéniablement divine, mais modeste et réservée. Louella Parsons, qui ne souffrait pas Welles et Cohn effrayé à l'idée de perdre sa vedette, s'acharnaient à dissuader Rita d'avoir une liaison avec le « génie ». Orson dira « elle refusait de répondre à mes appels téléphoniques durant cinq semaines, elle était écœurée par tous ces hommes qui lui couraient après. Mais je n'ai jamais abandonné " .

     

     

     

     

    Welles a dû mal à la convaincre et va même jusqu'à jouer la sérénade sous ses fenêtres. Il lui écrit une lettre où il avoue sa passion " J’imagine que comme la plupart d’entre nous, nous nous sentons seuls dans ce monde mais il faut que nous nous aimions follement pour pouvoir le vérifier. Vous êtes ma vie, ma véritable vie, et je brûle de vous redire à voix haute tout l’amour que j’ai pour vous".

    Rita dira de lui " J'étais seule, désorientée, ma carrière marchait bien. Peut-être même trop bien et le succès était déjà difficile à supporter. Lorsque Orson Welles m'a téléphoné, je n'ai pas voulu y croire. Cet homme avait choqué l'Amérique en 1938 avec son histoire de Martiens, à la radio. Il avait ensuite tourné ce film chef d'oeuvre sur la presse, Citizen Kane. Pour ma part, j'avais donné la réplique à d'excellents partenaires, mais je n'avais tourné aucun film exceptionnel". Rita ne comprend pas qu'un génie s'intéresse à elle et reste sur ses gardes, même si le couple se voit de plus en plus souvent et qu'une idylle s'amorce.

    Rita poursuivit son soutien moral aux militaires en se produisant dans quantités de camps, comme d'autres vedettes du spectacle, entre autre Marlène Dietrich.

    On vit Rita dans les hôpitaux de l'armée, de gares, des ports, des camps d'entrainements...Partout elle est reçue avec un enthousiasme sans pareil. La presse ne faisait pourtant guère allusions à ses efforts, seule Louella Parsons, son amie, soutenait Rita. Cette dernière s'en moquait royalement, son but n'étant aucunement la publicité, mais ses convictions personnelles. En juillet et Août 43, Rita participa à une immense tournée pour soutenir le moral des troupes avec quantité d'autres vedettes américaines.

     

     

     

     

     

     

     

     

    A cette occasion la 20th Century Fox tourne un film intitulé Show Business at war, d'une durée de dix sept minutes, faisant partie de la série "The march of time". Au retour de sa tournée, Rita annonce son mariage avec Orson Welles, qui fit de même. Les journaux Américains sortent les gros titres "Le mariage de la belle et du génie". Tout le monde s'attendait à une cérémonie somptueuse, mais ils se marient à la sauvette le 7 septembre 1943, durant le tournage de Cover Girl, ils deviennent l'un des couples mythiques d'Hollywood. Rita tourne Cover Girl en duo avec Gene Kelly et encore une fois on dira d’elle « qu’elle était somptueuse et que son beau sourire était l’emblème de l’époque ».

    Elle passait ses journées sur le tournage du film et ses soirées au Mercury Wonder Show avec la troupe d'Orson, qui donnait ses spectacles de magie. Elle cessa rapidement à cause d'Harry Cohn, qui jaloux de son intimité avec Welles, lui dit qu'il la payait pour tourner un film et qu'il la voulait totalement disponible et en forme sur le tournage. De son union avec Orson, naitra Rebecca, le 17 décembre 1944, après un accouchement difficile par césarienne.

     

     

     

    Sa mère mourut un mois après, ce qui renforça la faiblesse psychologique de Rita, qui, à peine remise de ses couches, dut affronter seule l’enterrement, Orson étant en voyage. Ce mariage fut tumultueux, passionné et douloureux. Alors que le rêve de Rita est de devenir femme au foyer, elle se plie aux ambitions d’Orson, le suit à Washington lors de ses campagnes électorales et subit les gens de ce milieu qui n’attendaient que son apparition pour sonder son intellect. Elle prête son nom à différentes causes soutenues par la gauche et fait l’objet d’investigations par le FBI afin d’éclairer les esprits sur une participation de la star dans un quelconque parti communiste, investigations qui n’aboutiront pas.

    Lors du retour du couple Welles à Brentwood, Rita doit supporter les visites incessantes de son père et de ses deux frères quémandant de l’argent, qu’elle ne leur refuse pas. En 1945, elle tourne Tonight and every Night.

    Rita devient rapidement la coqueluche des GI's, des soldats sur le front. Sa popularité est acquise. Avec le temps, elle ne supporte plus les absences de son époux, elle l’accuse injustement d’avoir des liaisons, ce dont il ne se privera pas par la suite. La principale fut celle avec Judy Garland. Shifra Haran, la secrétaire d'Orson qui resta ensuite fidèle à Rita raconta qu'un jour, Orson rentra à la maison avec un bouquet de fleurs sur le siège arrière de la voiture. Folle de joie, Rita se précipita pour remercier son époux, qui ne dit pas un mot, en vérité les fleurs étaient pour Judy Garland. Au fil du temps, le couple part à la dérive, Orson signe pour The Stranger et Rita signe pour le rôle-titre de Gilda.

     

    Gilda

     

     

     

     

     

    De 1946 à 1948 Une légende est née

     

    " Plus qu'une femme, Rita Hayworth est l'une des incarnations de notre principal mythe national.

    Elle est la Déesse de l'Amour" Life Magazine.

    Le film est un réel succès, Gilda réunit tous les ingrédients de la fascination et reste dans le cinéma la plus belle image de la féminité et de son pouvoir. Son partenaire, Glenn Ford tombe amoureux d’elle durant le tournage, il dira « I really was in love with Rita. » mais même si on dit que leur relation resta purement amicale, le fils de Glenn Ford laissa entendre que son père eut une liaison avec Rita. D'ailleurs, plus tard, elle dira de Glenn Ford "Glenn Ford était un homme merveilleux, le seul peut-être qui aurait été pour moi, le mari idéal...Si nous nous étions mariés. Il faisait réellement partie de ma famille " .

    L'image de Gilda collera à Rita jusqu'à la fin de sa vie. Si bien qu'elle disait « les hommes s'endorment avec Gilda et se réveillent avec moi » .

    Le succès du film, foudroyant, allait avoir des retombées de tout ordre. Selon l'encyclopédie du cinéma " le dialogue fourmille d'allusions à double sens. On est en pleine mythologie sexuelle. Tous les détails de ce récital ont valeur d'érotisme calculé "à froid" ce qui hausse la sensualité de Rita Hayworth au niveau de l'allégorie". Une expédition enterrera au pied de la Cordillère des Andes une copie de Gilda destinée à la postérité. Un disque fut également vendu, sur lequel on pouvait entendre les battements du coeur de Rita Hayworth, enregistrés à travers un stéthoscope. Enfin, la bombe atomique, lancée sur Bikini en 1947, fut appelée "Gilda

     

     

     

     

    Rita quant à elle, n'apprécie ni les retombées de Gilda, ni le film en lui-même.

    Elle dira " Quand je pense à Gilda, je me dis que ce n'était peut-être pas un très grand film. L'histoire en été simple, mais les spectateurs en sont devenus complêtement fous! ma photo était partout, sur les calendriers, dans les cabines des camions, sur les magazines. Dans certains bars, on a même dégusté des cocktails rouges, baptisés Gilda, mais qui avaient une curieuse apparence. Je n'ai jamais osé y goûter, c'était du délire ! Pendant plusieurs mois, j'ai vécu dans une véritable transe, à tel point que je me demandais si c'était bien de moi dont il s'agissait. J

     

    e recevais des quantités de déclarations d'amour, des hommes se jetaient à mes pieds dans la rue, d'autres m'offraient leur fortune, leur amour, leur vie! C'était exaltant, mais aussi très inquiétant. Ce qui m'a le moins plu, c'est ma photo collée sur la bombe atomique lancée sur Bikini" Orson Welles se souvint de l'effet qu'avait eu cette nouvelle sur sa femme "Rita se mettait tout le temps dans des rages terribles, c'était son tempérament Espagnol. Mais une des plus violentes qu'elle ait jamais piqué fut lorsqu'elle découvrit qu'ils avaient donné son nom à la bombe atomique. Elle en devint presque folle. Horriblement choquée. Rita était blessée plus que n'importe qui d'autre par une telle chose. Elle voulait aller à Washington donner une conférence de presse, mais Harry Cohn l'en a empêché sous prétexte que cela serait antipatriotique"

     

     

     

     

     

     

     

     

    (Code Hays et femme fatale à l'écran: Rita incarne à l'écran l'archétype de la femme fatale. Son rôle explosif dans Gilda, le strip tease suggestif, enchainé avec la Dame de Shanghai font d'elle la femme fatale, la vamp par excellence qui va à l'encontre du code imposé au cinéma. On se demande alors pourquoi, Rita Hayworth n'a pas été censurée par le Code Hays (du sénateur Hays) en vigueur entre 1934 et 1953. Le strip tease de Gilda était suggestif, le code précise "La suggestion est permise (rien de plus) et seulement lorsqu'il s'agit d'un élément essentiel du scénario". Mais surtout aussi, parce que Rita était très populaire auprès des Gi's et qu'elle contibuait au rêve, au mythe d'une génération. On ferme donc les yeux sur Gilda, et on s'emploie à contrer la censure.

     

    La femme fatale, belle a mourir, tous les hommes en sont fous, a donc quelque chose d’irréel à cause de sa beauté mais aussi grâce au mystère qui se dégage d’elle et dans lequel elle s’enveloppe avec soin. Elsa Bannister La Dame de Shanghai est énigmatique et parfaitement inaccessible. La scène finale, dans une galerie des glaces, renvoie enfin l’image d’une Rita multipliée à l’infini. On peut se demander laquelle est la vraie. Et comment seulement savoir s’il yen a une seule qui est réelle. )

    En 1947, On crée des rôles spécialement pour elle, afin de succéder à Gilda. Ainsi, elle refuse le rôle d’Ellen dans Péché Mortel, elle est remplacée par Gene Tierney. Elle refuse également d'être la vedette féminine de "Dead Reckoning" aux côtés d'Humphrey Bogart. Elle trouvait que certains détails dans le scénario ne convenaient pas à sa personnalité. Rita demanda donc de changer une partie du sujet, mais auteur et producteur refusèrent. La Fox lui propose de tourner un film aux côté de Betty Grable, film biographique, sur la vie des soeurs Duncan. Rita accepte, mais le producteur incapable d'obtenir les droits, abandonna le projet. Elle refuse également le titre rôle de "Lorna Hanson" . Dans un premier temps parce qu' Harry Cohn, refuse de lui faire lire le script, puis le projet est repoussé et finalement abandonné.

     

     

     

     

    Elle se lance donc dans le tournage de Down to Earth, comédie musicale, aux côtés de Larry Parks, comédien réputé de l'époque, elle y incarne la célèbre Déesse de la danse et de la poesie Lyrique, Terpsichore. Financièrement à l'aise, au sommet de sa gloire, elle crée la Beckworth Corporation Production (Beckworth, association des noms Becky et Hayworth). Son agent exige d'Harry Cohn que désormais 25% des bénéfices des films que tournait Miss Hayworth devaient être reversés à la Beckworth Production. Bien vite, le bruit se répand à Hollywood que Rita va devenir l'une des plus riches actrices de Los Angeles.

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    Les mauvaises langues se gaussent d'Orson, tout Hollywood savait qu'il avait de gros problèmes financiers, et qu'il choisissait bien mal le moment pour laisser s'envoler sa femme, riche, belle et célèbre.

    Quoiqu'il en soit, Rita est catégorique et demande le divorce à Orson. Elle avouera plus tard qu’elle passa avec lui, les plus belles années de sa vie. Pourtant Rita confie qu'elle avait toujours souffert de son "manque de culture" à côté du génie. Elle dira " A côté d'Orson Welles, même un être très intelligent semble devenir le dernier des imbéciles. Je n'avais pas le bagage culturel de ses amis journalistes, écrivains, artistes. Ils parlaient de choses dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Il a essayé de m'aider, mais quand je lui posais des questions, il perdait patience et allait chez ses amis chercher ce que j'étais incapable de lui donner chez nous. J'ai pensé que cela changerait avec la naissance de Rebecca...Mais après quelques mois, quand la petite eut moins besoin de moi, je me suis de nouveau sentie inutile."

    Le divorce ne sera prononcé qu’en 1948, Rita tourne avec son ex-époux The Lady from Shanghai . Louella Parsons clama que Welles voulut détruire l’image de son ex-amour en la forçant à couper ses cheveux et la changer en blonde platine.

     

    D'après l 'Encyclopédie du Cinéma: "Le personnage de Rita Hayworth est lui-même insaisissable dans tous ses reflets, un peu comme le Luna Park de San Francisco que Welles nous montre comme un lieu de disparitions soudaines, de poupées rieuses monstrueuses et de miroirs se répétant à l'infini. Le final du film, d'une virtuosité confondante, se déroule dans un palais des glaces où les personnages se tirent les uns sur les autres et semblent à causes des reflets tirer sur eux-mêmes. Rappelons que le yacht du film s'appelle «Circé» comme dans l'Odyssée. Welles est bien l'un des hommes de cette Odyssée moderne, qui s'évade miraculeusement, avant que le reste de l'équipage ne soit transformé en porcs»

     

    En vérité, le film est une adaptation biographique de la vie de Rita, que Welles a stratégiquement et merveilleusement mise en œuvre. Ce film signe le divorce de Welles, à la fin du film, il dira de Rita Hayworth: "Peut-être vivrais-je si longtemps que je finirai par l'oublier"

    Quant à Rita, elle dira plus tard que la Dame de Shanghai a été un de ses meilleurs films. Rita fêta ses 30 ans sur le bateau d'Errol Flynn qui le prêta pour le tournage du film.

    Peu de temps après son divorce, Rita reçoit une lettre de menaces qui l'affecte enormément. Le contenu était " La cicatrice ne s'efface jamais...Ce n'est pas une plaisanterie, je vous certifie, si vous ne versez pas deux mille dollars en liquide pour le 10 du mois, votre bébé sera enlevé et votre beau visage sera défiguré par la soude que vous recevrez dans vos beaux yeux [...] Orson Welles ne peut pas vous aider, le FBI non plus, seul l'argent parlera" ; Fort heureusement le maitre chanteur fut vite appréhendé.

     

     

    En 1948, elle tourne aussi The loves of Carmen avec Glenn Ford. Après le succès de Gilda, les cachets de Rita Hayworth passent à 400 000 $ par film, ce qui est énorme pour l'époque. Elle fait alors l’objet de lettres de menaces à l’encontre de sa fille et de sa propre personne, on menaçait encore de défigurer son beau visage si elle ne versait pas de l’argent. Après quelques liaisons dont une avec David Niven et Howard Hugues, elle part pour l’Europe seule avec Shifra Haran, et une foule de prétendants se pressent à sa porte. Entre autres, le Shah d’Iran, le roi Farouk et le Prince Aly Khan. Elle n’acceptera d’eux que des diners. Aly Khan avait été subjugué par elle en 1941 sur les écrans dans Blood and Sand.

     

     

     

    Dès lors, lorsqu’il avait su sa venue en Europe il s’était précipité pour la rencontrer, ce qui fut chose faite lors d'un diner organisé par Elsa Maxell. Elle retourna cependant à Los Angeles, sans donner espoir à Aly Khan qui la suivit malgré tout jusqu’aux Etats Unis. Ce fut après bien des péripéties pour la séduire et un refus d’Orson Welles qu’elle répondra positivement à la demande en mariage d’Aly Khan. Orson qui connait la réputation d'Aly Khan et les besoins affectifs de son ex-épouse, n'est pas du tout convaincu par ce mariage. Pourtant, toujours prête à se jeter à corps perdu dans l'inconnu, dès qu'il s'agit de bonheur, Rita dira " J'ai été très amoureuse d'Aly qui était le rêve de toute femme. Je l'ai rencontré peu après le succès de Gilda, sur la Côte d'Azur. Aly était physiquement fascinant fabuleusement riche, gentil, et il tenait ma main à chaque instant. Quand j'étais petite fille, j'avais lu les Contes des mille et une nuits et j'étais entrain de vivre un épisode de cette fable. Ce fut une période enchantée de ma vie: je ne m'occupais plus de mon travail, de mon succès, de l'Amérique. J'avais un homme qui m'aimait et je vivais comme une princesse..."

     

     

     

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    De 1949 à 1951 La Princesse d'Hollywood

     

    Aly Khan rentre donc officiellement dans la vie de Rita Hayworth. Son père le vieil Aga Khan s’attacha très vite à la jeune actrice et se désola plus tard de voir comment son fils la traitait. Il reçut Rita en France, juste avant sa mort et lui témoigna toute l’affection qu’il eut pour elle. Le 27 Mai 1949, Rita devient Princesse Aly Khan, le mariage est célébré à Vallauris, petite ville de la Côte d’Azur. Aly et Rita font leur apparition dans une Cadillac blanche décapotable. Elle porte une robe de mousseline de soie bleue de Jacques Fath et une grande capeline. La réception qui suit a lieu au Château, transformé en villa hollywoodienne.

    Trente mille roses décorent l'endroit. Dans la piscine où flottent des couronnes d'oeillets blancs en forme de A de M (pour Margarita), on a versé quatre cent cinquante litres d'eau de Cologne! Huit chefs ont préparé les buffets, cinq camions ont apporté champagne, caviar, langoustes et autres mets raffinés... L'Aga Khan n'est pas ennemi du faste, mais cette débauche de luxe le gêne.

     

    1948

     

    Il désapprouve cette cérémonie- spectacle. Pourtant, il est sous le charme de Rita. Agée de trente et un ans, l'actrice est alors au sommet de la gloire. Ils aménagent au château de l’Horizon à Cannes, Rita est enfin libérée d’Hollywood. Aly est par ailleurs très attaché à Becky. Mais elle déchante vite lorsqu’elle s’aperçoit que les soirées mondaines s’enchainent, qu’elle doit sans cesse apparaître en habit d’apparat au milieu des 80 invités quotidiens de son époux, lesquels ne prennent pas la peine de lui parler Anglais. Alors qu'elle rêve d'une vie tranquille, il n'est pas question pour Aly de s'enfermer dans un chalet à Gstaad ou un appartement bourgeois à Paris, quand il y a tant de fêtes à Londres, à New York ou sur la Riviera. Le malentendu ne tardera pas à apparaître. Elle doit subir l’étiquette, savoir recevoir la haute société, apprendre à se tenir comme une princesse et prendre des cours de Français. Pour la soulager, Aly l’amène en Espagne où elle revoit une partie de sa famille, mais aussitôt de retour le rêve se transforme en cauchemar.

     

    Elle doit assister aux courses de Longchamps, aux réceptions, elle qui voulait fuir les fastes, retrouvaient des fastes bien plus impressionnants encore. Avec tous les dangers que cela représente pour une femme enceinte, Rita doit se montrer en public, affronter la foule, elle s'évanouit deux fois lors de banquets à Paris et manqua faire deux fausses couches. Faisant l'objet de menaces et attisant les convoitises des truants, le couple est un jour poursuivi à travers la capitale française, une course poursuite en voiture s'engage et rend Rita folle d'angoisse. Le chauffeur dira " Elle était transie de peur, elle sanglotait hystériquement, le visage enfoui dans ses mains, recroquevillée sur elle même"

    Un autre jour, un homme tente de kidnapper la petite Rebecca Welles...Afin qu'elle ait une fin de grossesse paisible, le Prince amène son épouse en Suisse en attendant l'accouchement, il prévoit tout pour le jour J. Finalement, c'est le prince lui-même, qui doit conduire Rita à la clinique un jour à 3 heures du matin, terrorisé à l'idée qu'elle accouche dans la voiture. Mais tout se passa pour le mieux, contrairement à son premier accouchement, elle n'eut pas besoin de césarienne et la Princesse Yasmina ( plus couramment appelée Yasmin ou Yassie) vit le jour le 28 décembre 1949.

     

    Durant les mois qui suivirent, le Prince était attentionné, Rita avait enfin la famille dont elle rêvait depuis toujours. Hélas, le bonheur fut de courte durée, le retour au château de l'Horizon fut éprouvant pour Rita. Le couple se déchire, Aly supporte les colères de sa femme, mais Rita supporte de moins en moins ses infidélités.

    Le prince enchaine les aventures, Rita s’enferme dans ses appartements et passe ses journées à danser et à s’occuper de ses filles, elle a le mal du pays. Aly a finalement épousé la Star de cinéma, il visionnait Gilda dans leur intimité, mais Rita la vraie, ne l'interessait pas, leurs vies étant trop différentes. Ne supportant plus les humiliations du prince, elle décide de quitter la France pour les Etats Unis, obsédée par l’idée que le vieil Aga ne la laisse pas partir avec Yasmin, elle profite de son voyage au Pakistan et de l’absence d’Aly pour partir incognito.

    Ainsi après quatre ans d’absence, pressée par Harry Cohn de revenir sur les écrans et surtout pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses filles, elle retourne à Hollywood et tourne en 1952, Affair in Trinidad aux côtés de Glenn Ford. Elle aura une aventure avec Vincent Sherman, le producteur.

     

    Plus tard, Aly tentera de la récupérer, sans espoir. Il acceptera le divorce à condition que Yasmin soit élevée dans la religion musulmane. Rita accepte, refuse toute pension alimentaire pour elle, tout comme de la part d'Orson. Le divorce est prononcé dans le Nevada, mais Rita fait de nouveau l’objet de menaces provenant de groupes extrémistes cette fois-ci, la menaçant, ainsi que ses enfants, si elle ne rend pas Yasmin à son père. C’est ainsi qu’elle est placée avec ses enfants sous la protection du FBI.

     

     

    Long Red Nails

     

     

     


     

     

    De 1952 à 1957 Retour et désillusions

    Après Aly, Rita tombe dans les bras de Dick Haymes, chanteur d’origines Argentines. Elle avait rencontré Dick lors du tournage de The Lady from Shanghai en 1947, cela dit, Haymes avait peu apprécié Rita, qu'il jugeait hautaine à son égard. Mais au fur et à mesure de leurs rencontres, il avait appris à la connaitre et à l'apprécier. En cours d’expulsion, il voyait en Miss Hayworth le meilleur moyen de devenir Américain et célèbre. Toujours en quête d’un foyer loin du monde du cinéma, Rita croit en ses belles paroles et l’épouse le 24 septembre 1953. De tous ses mariages, celui avec Haymes aura été le plus violent et la période de sa vie la plus difficile.

     

    Elle tourne en 1953, Salomé avec Stewart Granger et Miss Sadie Thomson, deux films qu’elle devait encore à la Columbia, en association avec sa propre société de production la Beckworth Corporation. Rita ne parvient pas à redorer son blason, le départ d'Hollywood et son mariage avec Aly Khan a endommagé son image. Elle dira "A mon retour, on ne me demandait plus de faire mes preuves, ni même d'être belle. Hollywood brillait d'autres vedettes, telles que Marilyn Monroe. Marilyn était sans doute une actrice heureuse à ses débuts et je suis profondément désolée pour elle, maintenant que je sais comment elle a terminé. Comme toutes les très belles femmes, comme toutes celles rendues célèbres par la beauté de leurs corps et non par leur passion du métier, elle a eu une triste fin" .

     

    Dans le rôle de Salomé, Rita confère à son personnage, une beauté et une sincérité qui s'exprime à travers sa danse, un modèle du genre. La danse à sept voiles, est magnifiquement interprétée, devant Charles Laughton, elle possède toute la volupté et toute la lascivité de ce véritable strip-tease à l'ancienne. Désinvolte et moqueur, Stewart Granger, sait, lui aussi, être plein d'allant dans les scènes d'actions, tandis que les mimiques de Charles Laughton sont inimitables.

     

     

    Durant cette période, la vie privée de Rita va se trouver très mouvementée. De tribunaux en tribunaux, elle se bat aux côtés de son mari pour contrer le FBI qui empêche Haymes de travailler sur le sol américain. Les échecs se succèdent, Rita se met à boire, Haymes devient violent et les filles sont laissées à leur gouvernante. Rita dira plus tard qu’elle était passée du statut de princesse à celui de femme battue, du jour au lendemain. Les journaux remplissent des pages entières sur la déchéance de Rita Hayworth.

     

     

    Mais ce qui la blesse le plus, c’est lorsque la presse remet en cause son rôle de mère, si bien qu’elle doit se battre pour conserver la garde de ses filles. C’est Orson Welles, qui prendra sa défense contre tous. Rita dira de son mariage avec Haymes "La crise de la comédienne a commencé avec la crise de la femme. Comme si j'avais fermé les portes de l'extérieur, alors que la fête battait son plein à l'intérieur. Je me suis mariée avec Dick Haymes parce qu'il était chanteur à succés et que j'avais besoin de sécurité, avec un homme à mes côtés. Erreur profonde! Nous nous sommes disputés sans arrêt et nous nous sommes dit des choses horribles l'un à l'autre. Nous nous sommes jamais compris, jamais aimés. Ce fut seulement une erreur tragique qui a durée 2 ans.

     

    J'ai commencé à me sentir fatiguée et à aspirer à la seule chose que j'avais réellement désirée toute ma vie: une famille. Cela a toujours été mon problème. Je n'ai pas connu de parents très normaux, ni une maison qui soit un refuge. Depuis que je suis née, j'ai rêvé d'une vie normale, organisée, rassurante. J'ai toujours rêvé d'un homme sur lequel je pourrais m'appuyer, avec qui je puisse construire quelque chose qui existe vraiment. Dans la réalité des choses, j'ai couru d'une erreur à l'autre. Je n'ai jamais été capable d'élever mes enfants comme je l'aurais voulu et je n'ai jamais connu un refuge vraiment confortable..."

     

    En 1954, Rita refuse le rôle de Maria Vargas dans " la comtesse aux pieds nus" de Mankiewicz, car le scenario ressemblait trop à sa propre histoire. Elle sera remplacée par Ava Gardner. Haymes refuse tous les appels téléphoniques d’Orson et Aly, il répond à la place de sa femme, les narguent, ce qui met Aly Khan, qui veut voir sa fille, dans une colère terrible. Haymes manigance dans le dos de Rita pour empêcher Orson Welles de tourner un film avec son ex-femme, il le trouvait dangereux pour son couple, il connaissait le penchant indéniable qu'avait Rita pour lui. C’est lorsqu’il la frappe devant ses amis au cours d’une soirée, que Rita quitte définitivement Haymes.

     

    Elle divorce le 13 décembre 1955 et enchaine les aventures. Elle renoue des liens d’amitié avec Aly, qui resta, malgré leurs différents, tout comme Orson, un ami sincère et dévoué. Aly s’occupa de Becky et Yasmin pendant des mois au château de l’Horizon, alors que son ex-femme tentait de se reconstruire. Rita ira également y vivre quelques mois, s’entendant bien avec Bettina, la dernière conquête de son ex-mari.

    En 1957, elle tourne Fire Down Below, son cachet a considérablement diminué, mais Rita ne s'en offusquait pas, elle dira " Cela ne m'importait pas, je voulais rester une actrice, pratiquer mon métier, je ne cherchais pas à être un sex symbol ou a faire tourner la tête des hommes. Je ne recherchais pas non plus la fortune car sur ce plan là, je n'avais pas d'inquiétudes à me faire ".

    Dans ce film, Rita interprète d'excellentes scènes dramatiques et sentimentales, elle a l'occasion de prouver qu'elle est encore l'une des plus grandes actrices Hollywoodiennes. Ses nombreux admirateurs ne s'y trompent pas et le film est très bien accueilli. La presse en fait les éloges. A compter de ce film, Robert Mitchum devient un ami de Rita, tout comme Glenn Ford et tout comme l'étaient la plupart des comédiens avec lesquels l'actrice avait tourné. Il allait toujours la soutenir dans l'avenir, au cours de ses périodes les plus sombres, et c'est lui qui allait être son partenaire dans son dernier film, 15 ans plus tard.

     

     

     

     

     

    De 1958 à 1972 La rançon de la gloire

    Une autre vedette du show business américain, portait une profonde admiration à Rita Hayworth, il s'agissait de Franck Sinatra. Il tenait à se considérer comme l'un des ses amis. Ainsi, il propose à George Sidney, réalisateur de renom de mettre en scène un film musical, Pal Joey. Mettant en scène, Franck Sinatra lui-même, Rita et Kim Novak, désignée pour lui succéder à la Columbia. Franck Sinatra refuse d'apparaitre en tête du générique, laissant Rita en premier. Il dira que Rita était une actrice d'exception et qu'elle méritait d'apparaitre en première place au générique composé de trois têtes d'affiches. Rita dira " Pal Joey a été tourné dans une ambiance des plus agréables, il m'a permis de travailler avec des comédiens exceptionnels et un réalisateur de grand talent. C'est aussi pendant ce tournage que j'ai fait la connaissance de James Hill, qui allait devenir mon cinquième mari "

     

    Le 2 février 1958, Rita épouse le producteur James Hill, qui lui fait la promesse de la sortir du cauchemar, nommé Hollywood. Mais au lieu de l’éloigner des plateaux de cinéma, Hill décide de l’exploiter et la fait enchainer les films jusqu’à épuisement moral et physique. Elle tourne Separate Tables en 1958, dont il est le producteur. Elle tient le rôle d'Ann Shankland et donne la réplique à Burt Lancaster. David Niven reçut l'Oscar du meilleur acteur pour ce film. Après le succès de Separate Tables, elle enchaine avec They Came to Cordura en 1959 aux côtés de Gary Cooper.

     

    En 1960, elle tourne The Road to Salina et Wrath of God, deux succès. Fatiguée, lasse des incessantes disputes avec son époux, elle met fin à son mariage en 1961 en laissant James Hill froidement sur ces quelques mots "Pourquoi se donner la peine d’ecrire ? Exploiter les autres est bien plus facile" .

    De ce mariage et de sa vie avec Hill, Rita dira "James Hill a été le plus calme et le plus solide de mes maris. Même avec lui, cependant, je n'ai jamais pu construire quelque chose. Il me considérait comme l'une de ses entreprises et son affection pour moi n'a jamais été un véritable amour. Toutes ces expériences négatives de vie communes m'ont écoeurées. J'ai sans doute en moi les germes de cette incapacité à vivre normalement. Ou peut-etre que tout simplement ma vie a été une longue erreur dont je suis la principale victime" . Malgré tout, Rita aspire toujours à une vie paisible, elle se laisse aller à une de ses passions, la peinture.

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    En 1964, Rita tourne un autre succès Circus World avec John Wayne, qui devient à son tour, son ami. Rita est à cette occasion nominée au Golden Globe en tant que meilleure actrice. Mais malgré tout, Rita ne va pas bien, elle a de plus en plus de mal à retenir ses textes et refuse le tournage d'une pièce, Applause incapable de mémoriser ses dialogues. Hermes Pan dira qu’elle avait des excès de violence démesurés dont elle ne se souvenait pas l’instant d’après. Violence provoquée par l’alcool, certes, mais surtout par une maladie qui avait commencé son cheminement en elle. Rita se retire définitivement du cinéma en 1972, mais continue à faire des apparitions télévisée comme dans les célèbres shows de Carol Burnett. Elle subit une cure de désintoxication, mais son comportement étrange pousse les médias à penser qu'elle continue à boire. La presse s’acharne et personne ne sait qu’en vérité elle est profondément malade.

    Elle s’installe seule dans sa maison de Beverly Hills, entourée de ses amis, Hermes Pan, Glenn Ford, Robert Mitchum, Ann Miller entre autres. Malgré le soutien de ses amis, ces années furent terribles pour Rita. Elle perdait totalement le contrôle d'elle-même...Terrifiée, souvent violente, en proie à des hallucinations, Rita désespérait tous ceux qui l'aimaient et qui, impuissants, ne savaient pas comment l'aider. Elle jeta un jour le contenu d'un verre au visage de la soeur de Fred Astaire, sans raison, un autre jour, elle jeta dehors ses amis qu'elle avait invité à diner, ne les reconnaissant tout bonnement pas.

     

    Curtis Roberts témoigna qu'elle passait des nuits entières à hurler et était même incapable de signer un autographe. Pourtant Rita continuera a faire des apparitions publiques, des croisières avec d'autres vedettes, jusqu'à ce que son état mental ne le lui permette plus. Roz Rogers, amie de Rita témoigna qu'elle avait le regard vide, qu'elle la reconnaissait avec difficulté, parfois plus du tout. Orson Welles l'aperçut un soir dans un hôtel et vint l'embrasser, bavarder avec elle. Lorsque les lèvres de celui qu'elle avait jadis appelé "le plus grand amour de sa vie" se posèrent sur ses joues, Orson se rendit compte qu'elle n'avait pas la moindre idée de qui il était."Mon sang se glaça dans mes veines " raconta Orson.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    De 1973 à 1987 La fin d'une étoile qui ne cessera de briller

     

    L'évolution de la maladie qui la plonge dans la démence totale oblige Rita à quitter la Californie, elle s’installe alors à New York, près de sa fille. Persuadée que l'alcool n'est pas coupable de la démence de sa mère, Yasmin court les médecins les plus compétents, qui finiront par diagnostiquer une maladie encore mal connue à l'époque, mais incurable, la maladie d'Alzheimer.

    En 1981, le juge nomme la Princesse Yasmin Aga Khan tutrice légale de sa mère. Rebecca récemment divorcée, vivait à Washington, elle dira plus tard avoir beaucoup souffert de vivre dans l’ombre de sa mère, son père et d’Aly. Elle avait toujours pensé que sa mère lui préférait sa demi-sœur, elle dira " Je ne dis pas que j'aurais préféré ne pas être la fille de mes parents. J'aurais simplement aimé que les choses soient un peu différentes...C'était dur d'attirer l'attention quand les gens n'avaient d'yeux que pour maman, papa ou Aly " -

     

    Rebecca Welles est décédée le 17 octobre 2004, jour d’anniversaire de sa mère -. Yasmin, prendra soin de Rita jusqu’à sa mort.

     

    Elle se marie et donne un petit fils à Rita, Andrew, qu’elle mit sur ses genoux, mais cette dernière n’eut aucune sorte de réaction. Yasmin abandonne une carrière de chanteuse d’opéra et devient le porte parole de l’Association Internationale pour la défense des personnes atteintes par la maladie d’Alzheimer, elle organise des galas au nom de sa mère, encore aujourd’hui. Pour les personnes atteintes par la maladie d'Alzheimer, le présent n'existe plus, elles semblent se replier sur le passé qui apparement, est la seule réalité à laquelles elles aient accès: perpective terrifiante lorsque ce passé est aussi pénible que celui de Rita.

     

    Aux médecins qui diagnostiquèrent la maladie, il manquait un élément essentiel: la connaissance de cette enfance incestueuse qui l'avait marquée pour toute sa vie et était sans doute responsable d'un bon nombre de comportements étranges auxquels elle fut sujette bien avant le déclenchement de la maladie. Hormis les derniers mois, où elle ne pouvait plus quitter son lit, Rita passait ses journées assise sur un fauteuil, le regard fixe, rappelant beaucoup la petite fille qui, sous le porche de la maison de ses parents, attendait qu'on la conduise au Mexique pour travailler. Elle ne dansait bien évidemment plus, mais réagissait encore faiblement à la musique qu'elle avait passionnément aimé. Il lui arrivait parfois de frapper des mains, de bouger légèrement et Yasmin se disait qu'à cet instant sa mère revivait peut-être quelques lointains souvenirs de sa vie de danseuse.

     

    A la fin, le princesse dira que Rita restait assise à fixer un point inconnu, elle était incapable de marcher, de parler ou de se souvenir de son nom. Nul ne sait si elle arrivait à penser. Pourtant il y avait quelques signaux; Alors que Rita demeurait la plupart du temps silencieuse, brusquement sans raison apparentes elle prononçait une ou deux phrases étranges …L'une de ces phrases était: « Il avait l’habitude de faire ça. Il me disait comment faire ça. » Personne n’en a jamais su la signification. Rita Hayworth décède le 14 mai 1987 des suites de sa maladie.

     

     

     

     


    Rita Hayworth, fut une femme somptueuse, courageuse, pleine de vie, qui hélas n'a pu échapper aux pièges de la célébrité et aux malheurs de l'existence. Elle dira avec bon sens "Quand je pense à mes mariages et à mes relations, je peux dire que j’ai souffert mais ça fait partie de la vie et ces epreuves ont aussi un prix" . A la presse, elle dira"Quoique vous ecriviez sur moi, faites que ça ne soit pas triste."

     

    Glenn Ford à l'annonce de sa mort dira:

    "It's a tragedy that's paintful to think about...We were close friends, and i was very fond of her..."

    "I've lost my best friend in the whole world"...

     

    Bien plus qu’une célèbre star ordinaire, Rita Hayworth restera à jamais cette bombe sexuelle que les GI’s Américains décidèrent de prendre comme emblème de l’explosion atomique et qui finit dissoute dans l’implosion d’un moi vulnérable. Pourtant, elle ne fut qu’une femme qui tenta tout au long de sa vie d’atteindre le bonheur, denrée volatile par essence. Juste une femme bouleversante d’avoir été si belle et touchée par le doigt du malheur.

     

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    La Dame de Shanghai (The Lady from Shanghai)

    (1947) d'Orson Welles

    Orson Welles à la baguette, Rita Hayworth belle à se dammmmmmner, un imbroglio policier incompréhensible comme on les aime, et surtout une atmosphère de film noir qui rend la peau toute moite. Le personnage de Welles a beau savoir depuis le début que cette jeune femme blonde sent la poudre, il embarque fatalement avec elle, ne sachant au final qui a le plus de chance de rester sur le carreau.

     

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    "A Shanghai, la chance ne suffit pas" - dès cette phrase, en introduction, comment ne pas être conquis, alors même qu'après 58 jours de pluie non stop le soleil revient à Shanghai. Faut s'accrocher et c'est bien ce que compte faire Michael O'Hara -Orson- lorsqu'il plonge dans le regard de la Rita.

      

    Un mari avocat handicapé, lfs15un associé pas très clair, une Rita qui cache un lourd passé, que Michael soit le pigeon tout trouvé, il en est lui-même certain; seulement lorsqu'on tombe dans le filet d'une femme fatale, il faut faire les courses avec elle jusqu'au bout.

      

    Dans un parfait élan de lucidité, lors du pique-nique sur la côte mexicaine, ces trois personnages élardés dans leurs transats lui font immanquablement penser à des requins que la moindre goutte de sang va faire s'entre-dévorer.

      

    Tous les arrières plans (qui sentent souvent la transparence) transpirent de noirceur (le bal de ces bateaux dans la nuit illuminés par quelques torches), la course poursuite endiablée entre Michael et Rita, dans les rues d'Acapulco, sur fond de musique casse-bonbon, sent le soufre, et lorsque Michael finit par accepter la proposition de l'associé, George Grisby (faire croire qu'il l'a tué) on se dit que le Michael ne voit quand même pas plus loin que le bout de son nez - ou que d'avoir vu une fois Rita en maillot de bain lui a fait perdre la raison, et là je comprends mieux.

     

      

    Orson sort la batterie d'effets techniques (plongée/contre-plongée, superbe sens de l'éclairage et de la profondeur de champ, angles impossibles...) sans jamais non plus trop tomber dans l'excès, semblant se concentrer sur les pensées que rumine son personnage principal, conscient de faire la connerie de sa vie, mais incapable de lutter contre la fatalité, aka Rita.

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    Le spectateur se fait ballotter de port en port, tente, comme Michael, d'y voir clair en essayant de savoir qui manipule qui et se perd un peu dans ce dédale d'intrigues, de sentiments et de vengeance. Incapable de faire le point, on s'accroche à la Rita comme à une bouée, une Rita incandescente dont chaque apparition met sur les genoux.

     

      

    Il y a bien sûr la fameuse scène finale, jeu de miroirs à l'infini entre le mille-pattes Arthur Bannister, le mari de Rita, et cette dernière, qui paraissent prendre un malin plaisir à s'entretuer; l'envie de tuer leur image, l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes, semblent presque prendre le pas sur la haine qu'ils ont l'un pour l'autre.

      

    On se retrouve, avec Michael, entre les balles, assistant à ce règlement de compte final sans trop chercher à comprendre lequel des deux personnages est le plus tordu.

     

      

    Devant une telle cruauté humaine, il ne tarde pas à quitter ce palais des glaces sur la pointe des pieds, comme s'il avait décidé de définitivement mettre fin à ses "illusions", dans tous les sens du terme.

    L'art de l'illusion, voilà d'ailleurs une bien jolie expression qui pourrait définir les dons de réalisateur de Welles. Sans fin, dans le fond.

     

     

     Sources : http://shangols.canalblog.com/archives/welles_orson/index.html

     

     

     

     

     

     

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