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    Sacha Guitry, de son nom complet Alexandre Georges-Pierre Guitry, est un comédien et dramaturge français, metteur en scène de théâtre, réalisateur et scénariste de cinéma, né le 21 février 1885 à Saint-Pétersbourg (Russie) et mort le 24 juillet 1957 à Paris.

     

    Auteur dramatique prolifique, il a écrit 124 pièces de théâtre, dont beaucoup furent de grands succès, et en a adapté lui-même dix-sept au cinéma. Interprète de la quasi-totalité de ses films, il est l'auteur d'une œuvre cinématographique, riche de trente-six films, qui comprend notamment Le Roman d'un tricheur, Désiré, Mon père avait raison, Quadrille, Ils étaient neuf célibataires, La Poison, Si Versailles m'était conté, Assassins et voleurs

     

    THEATRE et CINEMA :

    Sacha Guitry est le fils de Lucien Guitry (1860 - 1925), grand comédien de théâtre, très célèbre à son époque, et de Renée Delmas dite de Pont-Jest, fille du journaliste René de Pont-Jest.

    Élève médiocre, Guitry se révèle très tôt brillant comédien et bien vite excellent auteur et metteur en scène. Il écrit lui-même ses propres pièces, parfois en moins de trois jours, et en assure la mise en scène et l'interprétation. Nono (1905) remporte un vif succès.

     

     

     

    L'échec de La Clef, en 1907, décourage un temps Sacha Guitry et c'est le soutien indéfectible de son grand ainé Octave Mirbeau qui lui donne le courage de continuer ; admiratif et reconnaissant, Sacha Guitry sollicite de lui une préface pour sa Petite Hollande en 1908 et, plus tard, lui consacre une pièce, Un sujet de roman, créée le 4 janvier 1924 par son père Lucien Guitry dans le rôle du grand écrivain.

      

      

    Sarah Bernhardt doit être aussi de la création, dans le rôle d'Alice Regnault, mais la Divine meurt avant la première. Il écrit sur mesure pour sa deuxième épouse Yvonne Printemps plusieurs comédies musicales à très grand succès (Mozart, L'Amour masqué…) et sept revues avec son ami Albert Willemetz.

     

     

     Yvonne Printemps

    Homme d'esprit à l'humour caustique, c'est Sacha Guitry qui lance Raimu dans Faisons un rêve. Il fait les délices du public mais s'attire également la jalousie des critiques. Il est un peu l'opposé du théâtre du Cartel des quatre créé notamment par Louis Jouvet et Charles Dullin. Sacha Guitry utilise déjà au théâtre les techniques qu'il utilisera plus tard au cinéma : s'approprier les règles, les codes d'un genre, les détourner et les plier à son propre style.

     

      

    Avec le cinéma, les rapports sont d'abord très tendus. Il fait une première tentative en 1915, en réalisant Ceux de chez nous, en réaction à un manifeste allemand exaltant la culture germanique. Il filme certains amis de son père, Rodin, Claude Monet, Anatole France, Auguste Renoir, entre autres. Il note leurs paroles et les répète durant les diffusions publiques, inventant en quelque sorte, et avant l'heure, la voix off.

     

    Comme Jouvet, il reproche au cinéma de ne pas avoir la même puissance que le théâtre et ne s'y met qu'en 1935, sous l'influence de sa jeune épouse Jacqueline Delubac. Comprenant que le cinéma permet une survie, en fixant les images sur la pellicule, il décide de mettre en boîte certaines de ses pièces de théâtre. D'abord Pasteur, écrite par Sacha pour son père Lucien Guitry et interprétée par ce dernier, pièce qui donne libre cours à sa passion pour l'histoire et les personnages historiques.

      

    Le Diable boiteux : photo Sacha Guitry

      

    Œuvre prophétique car, dans une scène, Louis Pasteur, joué par Sacha Guitry, déclare à ses confrères : « Messieurs, je sais que je n'utilise pas le style conventionnel auquel vous êtes habitués. » Phrase lourde de sens qui semble destinée aux critiques qui le dénigrent depuis qu'il fait du théâtre. La même année, il réalise Bonne chance ! et donne le premier rôle féminin à Jacqueline Delubac. Le style de Guitry s'y affirme un peu plus.

     

    À la fin des années 1930, tout va pour le mieux dans la vie de Guitry. Le seul point noir est son divorce d'avec Jacqueline Delubac, mais il se console rapidement et épouse Geneviève de Séréville qui est la seule de ses cinq épouses à porter le nom de Guitry. À propos des femmes, Guitry a déclaré : « Les femmes, je suis contre… tout contre. » Son nom est proposé pour l'Académie française mais Guitry refuse la condition qu'on lui impose : abandonner son activité de comédien. En 1939, il est élu à l'Académie Goncourt et réalise Ils étaient neuf célibataires, avec de nombreuses vedettes dont Elvire Popesco. Guitry y traite du mariage blanc, thème éternel.

    Mais le film est en prise presque directe avec l'actualité car l'histoire part d'un décret qui oblige les étrangers à quitter la France. Le lendemain de la première de son film, la guerre éclate.

     

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    Sous l’Occupation :

    L'invasion allemande et l'armistice surviennent alors que Sacha Guitry est en traitement à Dax. Il est forcé d'y prolonger son séjour, dans l'attente de deux sauf-conduits pour Paris. L'un lui est destiné, l'autre est remis au philosophe Henri Bergson, souhaitant comme le dramaturge retourner à Paris.

     

     

     

    Revenu à Paris, Guitry entend y maintenir l'art et l'esprit français face aux prétentions culturelles et impérialistes des Allemands, en poursuivant ses activités d'auteur, d'acteur et de cinéaste. Il reprend notamment Pasteur, pièce qui glorifie la France en la personne de Louis Pasteur, et qui comporte des répliques clairement anti-allemandes. Pendant quatre ans, à l'écart de toute pensée politique, il continue sa vie d'homme de théâtre et de cinéma, pensant ainsi assurer la présence de l'esprit français face à l'occupant allemand. Dominique Desanti évoque « une réussite maintenue à travers l'horreur de l'occupation, comme si de préserver les succès et le luxe de Guitry était nécessaire à la survie de la France ».

     

    Le Diable boiteux : photo Sacha Guitry

      

      

    Il joue de son influence pour obtenir la libération de personnalités, notamment de l'écrivain Tristan Bernard et de son épouse, et parvient à réaliser Le Destin fabuleux de Désirée Clary, autour de la célèbre fiancée de Napoléon, film qui oppose la figure de l'Empereur aux visées de l'impérialisme allemand, et Donne-moi tes yeux,

     

    « réflexion originale sur le regard masculin ».

     

    Son album 1429-1942 - De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain conçu en 1942 et publié en 1944, catalogue des gloires françaises, historiques et artistiques, est selon ce qu'il écrit en 1947, « un véritable monument à la gloire de la France... Un cri de foi, d'amour et d'espérance, et l'on ne saurait lui attribuer sans mentir une signification politique », « Je n'en connais pas qui soit plus beau. Je n'en connais pas qui montre mieux le vrai visage de la France - et son ardente volonté de se suffire à elle-même - et de rester, seule, chez elle. L'avoir réalisé sous l’œil de l'Occupant, cela représente un tour de force inégale. ».

     

     

      

      

    Évoquant la publication dans cet album de la célèbre lettre ouverte d'Émile Zola en faveur d'Alfred Dreyfus, J'accuse…!, reproduite dans sa publication originale de L'Aurore du 13 janvier 1898, Guitry écrit : « N'était-ce pas audacieux, provoquant même[5] », et « avoir fait reproduire un poème de Porto-Riche, une pensée de Bergson, - avoir nommé Sarah Bernhardt et Pissarro, avoir cité Dukas, Rachel et Marcel Schwob »[7]. Philippe Arnaud estime plutôt que « Guitry, on le sait, s'est trompé sur Pétain, et sur la nature de la Seconde Guerre mondiale. De cet aveuglement, Donne-moi tes yeux donne la métaphore facile ».

     

      

      

    Lors d'un gala à l'opéra le 23 juin 1944, Guitry présente De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain, accompagné d'un film de présentation, « sans lier le débarquement à ce que le titre de son livre peut avoir de provocateur », comme l'écrit Dominique Desanti].

    Ce gala fut néanmoins l'occasion d'une vente aux enchères d'un des exemplaires, dont la recette, de 400.000 francs, fut entièrement reversée à l'Union des Arts.

     

     

    Le Diable boiteux : photo Sacha Guitry

      

    Geneviève Guitry, qui fut son épouse durant cette période, écrit « Ce fut alors une période de manœuvres qu'il pensait habiles et qui nous effrayaient, car Sacha ne comprenait rien à la politique. Il avait un fonds d'ingénuité, une confiance quelquefois excessive, qui l'amenaient à porter des jugements téméraires sur les gens qui gravitaient autour de lui. Dans cette période, il ne fut pas bon psychologue, ni suffisamment objectif. ».

     

     

    Le 23 août 1944, lors de la Libération de Paris, quelques heures après avoir parlé au téléphone avec son amie Arletty, il est arrêté par un groupe de résistants, agissant de leur propre initiative, qui lui reprochent son attitude à l'égard de l'occupant allemand.

      

    Il est incarcéré 60 jours sans inculpation. Il est alors dénoncé dans la presse (sur des rumeurs infondées) par des écrivains comme Pierre Descaves ou certains journalistes du Figaro (dirigé alors par Pierre Brisson, ennemi déclaré de Guitry).

      

    Le juge d'instruction, ne sachant que lui reprocher, fait paraître dans les journaux, à deux reprises, des annonces demandant qu'on lui communique les accusations contre Guitry. Il n'obtient aucune réponse probante et classe le dossier. Guitry obtient, en 1947, un non-lieu tardif (il dira plus tard qu'il aurait préféré un procès).

     

     

     

     

    Ses détracteurs oublient qu'il s'est toujours opposé à ce que ses pièces soient jouées en Allemagne. Il s'en souviendra et lorsqu'il déclare à Pauline Carton, dans le générique de La Poison, que le décor de la cellule a été réalisé à partir de ses souvenirs, on sent poindre l'amertume dans sa voix.

      

    Tentant de prendre la chose avec humour, il déclare : « La Libération ? Je peux dire que j'en ai été le premier prévenu. » Il publie, en 1947 et 1949, ses souvenirs de cette période sous forme de deux récits : Quatre ans d'occupations (un pluriel significatif) pour les années de 1940 à août 1944 et 60 jours de prison pour les deux mois pénibles et humiliants qui suivirent. Il commente, en filigrane, son comportement dans Le Diable boiteux, biographie de Talleyrand qui poursuivit son travail avec toujours comme seul but de servir la grandeur de la France.

     

      

      

      

    Réhabilitation :

    Les années 1930 ont été des années de rêves et les années 1940 des années noires ; les années 1950 vont être une synthèse des deux décennies écoulées. Il rédige le scénario d'Adhémar ou le jouet de la fatalité mais, malade, il en confie la réalisation à Fernandel, qui a déjà réalisé un film. Devant le résultat, Guitry s'estime trahi et intente un procès à Fernandel. Procès qu'il perd. Ce film annonce la suite de l'œuvre du cinéaste. Le ton est plus mélancolique (Le comédien, Deburau, Le Trésor de Cantenac), parfois caustique (Je l'ai été trois fois, La Poison, La Vie d'un honnête homme), mais toujours comique (Toâ, Aux deux colombes, Tu m'as sauvé la vie).

     

    Yvonne Pintemps  

     

    Ses amis le soutiennent et la reconnaissance vient avec la commande de grosses productions historiques : Si Versailles m'était conté, Napoléon, Si Paris nous était conté. Mots d'esprits et distribution prestigieuse font le charme de ces fresques. Il n'oublie pas son arrestation et réalise le très caustique Assassins et voleurs emmené par le duo Jean Poiret-Michel Serrault et dans lequel Darry Cowl fait ses débuts avec une scène pratiquement improvisée, mais hilarante.

      

     

      

    Les trois font la paire est le dernier film qu'il réalise avec l'aide de l'acteur-producteur-réalisateur Clément Duhour, car la maladie l'a beaucoup affaibli. Film-somme sur le cinéma de Guitry où l'on retrouve tout ce qui fait le sel de son œuvre : jeu avec les procédés filmiques, fidélité avec certains acteurs, humour caustique. Son testament artistique est le scénario de La Vie à deux qu'il rédige et où il refond plusieurs de ses pièces ; c'est Clément Duhour qui le réalisera après la mort du cinéaste, avec une pléiade de vedettes venues rendre hommage au maître.

     

     

    Sacha Guitry repose au cimetière de Montmartre, à Paris, avec son père Lucien Guitry, son frère Jean, né en 1884 et mort en 1920 dans un accident de voiture, et sa dernière épouse Lana Marconi, décédée en 1990.

    Outre Jean et Sacha, Lucien Guitry et Renée Delmas de Pont-Jest avaient eu deux autres fils nés en 1883 et en 1887, tous deux morts au berceau.

     

     

     

     Portrait d'Yvonne Printemps par Sacha Guitry
    Portrait d'Yvonne Printemps par Sacha Guitry© DR

     

    Sacha Guitry et les acteurs :

    Sacha Guitry tient le rôle principal de presque tous ses films. Mais il sait parfois s'effacer lorsque cela est nécessaire, comme dans le film à sketch Ils étaient neuf célibataires, avec de grands noms au générique : Saturnin Fabre, Elvire Popesco, Gaston Dubosc. L'homme est un ami fidèle et Pauline Carton est de pratiquement tous ses films, Guitry lui inventant parfois des rôles. Il confie le rôle principal de La Poison et de La Vie d'un honnête homme à Michel Simon, ainsi que celui de son dernier film Les trois font la paire que Simon n'aime pas mais qu'il accepte de jouer par amitié pour Guitry alors mourant.

      

    Acteur mais également metteur en scène, il sait détecter les nouveaux talents :

      

    Louis de Funès, Darry Cowl, Michel Serrault, Jacqueline Delubac pour ne citer que ceux-là, sont lancés par Guitry. Raimu, reconnaissant envers celui qui l'a lancé, accepte de jouer gratuitement dans Les Perles de la couronne, et Guitry écrit sur mesure, pour Fernandel, le scénario d'Adhémar. Il sollicite souvent Gaby Morlay pour jouer des pièces de théâtre, et deux de ses films.

     

     

     

    Jacqueline DELUBAC et SACHA GUITRY dans " DESIRE"..

      

    Parmi les grands noms déjà cités, signalons également

    Erich Von Stroheim,

    Orson Welles,

    Jean Cocteau,

    Jean Gabin,

    Gérard Philipe,

    Jean Marais,

    Danielle Darrieux,

    Michèle Morgan,

    Pierre Larquey,

    Jean-Louis Barrault,

    Arletty,

    Édith Piaf,

    Robert Lamoureux,

    Yves Montand,

    Jean-Pierre Aumont,

    Luis Mariano,

    Jacques Varennes,

    Suzanne Dantès,

    Saturnin Fabre,

    Brigitte Bardot

      

      

    Tout au long de son œuvre, Guitry se fait le chantre du comédien, de son père en particulier. Il réalise une biographie, Le comédien, et une adaptation théâtrale,

    Mon père avait raison.

      

    Pour lui, Lucien Guitry et Sarah Bernhardt sont les deux plus grands acteurs du monde et il ne manque pas de le rappeler dans les nombreux articles qu'il signe. Du reste, certains de ses films semblent être conçus pour les acteurs :

    Les Perles de la couronne, Ils étaient neuf célibataires, Le Trésor de Cantenac, ou encore sa trilogie historique.

     

    Jacqueline DELUBAC actrice et épouse de Guitry dans Mon père avait raison

    - Gaumont Vidéo

     

    Sacha Guitry et la critique :

    Avec la critique, Sacha Guitry a toujours entretenu des relations conflictuelles, et ce dès son travail au théâtre. Guitry invente un style qui lui est propre, basé sur des dialogues incisifs et percutants, souvent déclamés par lui. C'est son statut de comédien et d'auteur complet, son apparente facilité et le succès constant qu'il obtient pendant plus de vingt ans, qui le rendent insupportable aux yeux des critiques. Du reste, Guitry se venge tout au long de son œuvre et ne cesse de railler cette profession qui n'a jamais voulu faire l'effort de le comprendre.

     

     

      

    Lana Marconi

      

      

    On reproche à ses films de n'être que du « théâtre filmé ». Mais Guitry, comme Marcel Pagnol, autre auteur dramatique de théâtre et de cinéma, impose son style, se construit un univers à part entière. Souvent, les critiques reprochent à Guitry de dévoiler les artéfacts du tournage. Le cinéaste, en montrant son style, appose sa griffe et empêche quiconque de le copier.

      

    Le summum est atteint avec Ils étaient neuf célibataires : à la fin du film, Guitry mélange réalité et fiction en faisant croire à « l’amant sérieux » d’Elvire Popesco que tous deux sont en train de tourner un film. La réalité va plus vite que la fiction. Et le film se fait descendre par la critique, malgré des réactions positives.

     

     

     

     

    Parmi les critiques les plus virulentes, on retrouve régulièrement l'accusation de mégalomanie, de prétention. Lorsque Guitry met en scène Si Versailles m'était conté, film montrant le château de Versailles de sa naissance à nos jours, on lui reproche d'être passé à côté de son sujet et d'avoir réalisé une visite au musée Grévin. La critique démolit le film et oublie que Guitry est réalisateur avec toutes les responsabilités que cela implique, mais également scénariste, dialoguiste et acteur. Peu de cinéastes assument autant de charges.

      

      

    Précisons qu'Orson Welles, qui a joué dans Si Versailles m'était conté et Napoléon, considérait Guitry comme son maître. Du reste, il existe plusieurs points communs entre les deux artistes : tous deux hommes de théâtre, de radio, férus de littérature, ayant le même sens de l'humour.

     

     

     

    Une autre hypothèse peut être envisagée pour expliquer ses rapports tendus avec la critique : la virtuosité et l'évidente facilité avec laquelle le Maître se meut dans l'univers filmique. Lorsqu'il réalise Le Destin fabuleux de Désirée Clary, il place le générique en plein milieu du film et s'offre le luxe de changer plusieurs interprètes avec une finesse rare. Du cinéma, Guitry a déclaré : « C’est une lanterne magique. L'ironie et la grâce ne devraient pas en être exclues. »

     

    Une autre anecdote résume le personnage : lors du tournage de Napoléon (film, 1955), un technicien, en visionnant les rushes, fait remarquer à Guitry que l'on voit une caméra dans le champ. Le cinéaste lui répond : « Mon ami, le public se doute bien que nous avons utilisé des caméras pour réaliser ce film. » Désinvolture, élégance, finesse et humour alliés à une solide maîtrise technique. Cela a de quoi attirer les médisances et les jalousies. Il est réhabilité par la Nouvelle Vague et François Truffaut en particulier, qui voit en lui l'auteur complet, comme Charlie Chaplin.

     

     

    GUITRY et les FEMMES :

    Guitry a souvent évoqué sa prédilection pour les femmes : « La vie sans femme me paraît impossible ; je n'ai jamais été seul, la solitude c'est être loin des femmes », mais il s'est acquis une réputation de misogyne que bien des répliques de ses pièces semblent confirmer.

      

      

    Ses épouses, cependant, qui lui ont reproché bien des choses, ne lui ont jamais fait le reproche d'être misogyne mais évoquent au contraire son amour pour les femmes, sa séduction et sa finesse.

      

    Dans Faut-il épouser Sacha Guitry ?,

     

    Jacqueline Delubac écrit:

      

    « À la femme il refuse la logique de l'esprit, pas celle du sexe ! Traduction : il ne suffit pas que la femme dispose, il faut qu'elle propose.

     

     

     

      

    C'est le caprice de Sacha de tout attendre du caprice des femmes » ; et plus loin : « Sacha, tu es un diable électrique ! Tu connais les escaliers cachotiers du cœur ! Les drôles de coin ! ». Geneviève de Séréville, dans Sacha Guitry mon mari, évoque les causeries de Sacha sur l'amour et les femmes et avance une hypothèse : « Parler des femmes et de l'amour n'est-il pas devenu, pour lui, une sorte de jonglerie dans laquelle son cœur ne joue aucun rôle, mais seulement son aisance dans l'ironie, son goût excessif du paradoxe ».

     

    http://www.regietheatrale.com/index/index/thematiques/

    sacha-guitry-theatre-mes-amours.html

     

    ANECDOTES :

    • Sacha est le diminutif russe d'Alexandre. Le tsar Alexandre III était en effet son parrain.
    • Comme il l'explique dans son discours de cent lignes, prononcé lors du banquet du centenaire de Janson-de-Sailly, il fut expulsé de 11 lycées différents. Il explique dans un de ses ouvrages que c'était en raison des déplacements de son père qu'il redoubla sa sixième 10 fois. En effet, à l'époque, on recommençait l'année si l'on changeait d'établissement, ce qui était périodiquement son cas. Il fêta ses 18 ans en sixième et arrêta là ses brillantes études.
    • Durant l'hiver 1889, alors que Sacha a 4 ans, son père, Lucien Guitry, qui est en train de se séparer de son épouse, sort un moment avec Sacha pour chercher des gâteaux au coin de la rue, et de coin de rue en coin de rue (car la pâtisserie la meilleure est plus loin), il l'entraîne en fait jusqu'en Russie, lieu de ses futures représentations. En Russie, Sacha joue enfant devant le Tsar et la famille impériale. C'est là-bas qu'il entend que son père « va jouer tous les soirs pour travailler ».
    • Malgré le vif soutien de Tristan Bernard et de nombreuses personnalités de la Résistance, Sacha Guitry est injustement soupçonné de collaboration à la Libération, et incarcéré pendant 60 jours (d'où son livre 60 jours de prison). Un non-lieu complet est prononcé. « Il n'y avait donc pas lieu ! », commenta ironiquement Sacha Guitry, qui déclara par ailleurs : « La Libération ? Je peux dire que j'en ai été le premier prévenu. » Pour la petite histoire, c'est Alain Decaux qui évite le pillage de sa maison car il est à l'époque mobilisé et, connaissant Guitry, il demande à surveiller sa maison. En souvenir de ce beau geste, Lana Guitry lui offre l'émeraude que Sacha portait et qui trône désormais sur la poignée de son épée d'académicien. De son arrestation, il dit : « Ils m'emmenèrent menotté à la mairie. J'ai cru qu'on allait me marier de force ! »
    • Le divorce par consentement mutuel n'étant pas reconnu à une époque, des lettres d'injures mutuelles étaient exigées de la part des deux parties pour en obtenir le prononcé. Dans les divorces concernant Sacha Guitry, notamment celui soldant son mariage avec Yvonne Printemps, on reconnait nettement sa patte d'humoriste dans les lettres fournies par les « deux » parties.

     

    • Collectionneur avisé, il possédait dans son hôtel particulier du Champ de Mars, 18 avenue Élisée-Reclus une splendide collection d'œuvres d'art (peintures, sculptures, lettres autographes...) dont il souhaitait faire, à sa mort, un musée. Malheureusement, les œuvres furent peu à peu dispersées à sa mort et son projet ne vit jamais le jour. Malgré les protestations de ses nombreux amis l'hôtel fut démoli en 1963.

     

    • À l'occasion de son jubilé (sa première pièce ayant été jouée le 16 avril 1902 au Théâtre des Mathurins) l'éditeur Raoul Solar réalisa gracieusement en 1952 un ouvrage intitulé simplement 18 avenue Elisée Reclus, commenté par Sacha lui-même. Il peut être considéré comme le catalogue de l'exposition de ses collections, exposition faite au bénéfice des œuvres charitables de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD).

      

      

    SOURCES : Wikipedia - photographies google

      

      

     

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    Sacha Guitry, de son nom complet Alexandre Georges-Pierre Guitry est un comédien, dramaturge, metteur en scène de théâtre, réalisateur et scénariste de cinéma, né le 21 février 1885 à Saint-Pétersbourg (Russie), mort le 24 juillet 1957 à Paris.

    Auteur dramatique très prolifique, il a écrit plus d'une centaine de pièces de théâtre et en a adapté lui-même un grand nombre au cinéma. Interprète de la quasi-totalité de ses films, il est l'auteur d'une œuvre, riche de trente-trois films, qui comprend notamment Le Roman d'un tricheur, Désiré, Mon père avait raison, Quadrille, Ils étaient neuf célibataires, La Poison, Si Versailles m'était conté, Assassins et voleurs.

     

    La vie de Sacha Guitry

     

    Sacha Guitry est né le 21 février 1885 à Saint-Petersbourg d'un père comédien, l'illustre Lucien Guitry, et d'une mère comédienne, Renée de Pontry. Il arrive à l’âge de cinq ans en France. Il décède à Paris le 24 juillet 1957 au terme d’une vie exceptionnelle.

       
    L'artiste

    L’œuvre de Sacha Guitry est colossale. Elle lui a apporté la gloire et le succès à la mesure de son immense talent. A la fois auteur, comédien, réalisateur, il a réalisé 36 films (dont 17 sont tirés de son théâtre et 19 réalisés à partir de scénarios originaux) et 124 pièces de théâtre en 56 ans de vie artistique. Beaucoup de ses pièces furent de grands succès et sont restés comme des classiques de théâtre français. Il eut également l’honneur de les jouer en tournée à l’étranger et devant des monarques. Néanmoins il s’agit souvent de longs monologues qu’il interprète lui-même. Les autres acteurs faisaient souvent office de faire-valoir et permettaient à Sacha Guitry de reprendre son souffle.

    Entre 1903 et 1954, il fait éditer ou publier 32 ouvrages divers, 9 oeuvres posthumes suivront. Sa bibliographie comporte plus de 210 volumes. De 1929 à 1956, il rédige 16 préfaces pour divers ouvrages. De 1902 à 1957, il signe près de 900 articles de presse. De 1908 à 1955, il donne une quarantaine de causeries diverses. De 1921 à 1956, il participe à 268 émissions de radio ou de télévision. De 1920 à 1955, il enregistre une trentaine de disques. Il a dessiné plusieurs centaines de caricatures, peint plusieurs dizaines de tableaux, sculpté 3 bustes de Jules Renard.

     

    Les femmes

     Tout d’abord, il est important de dire que Sacha Guitry était un amoureux des femmes et fut d’ailleurs marié à cinq reprises. Il s’exprime ainsi au sujet du mariage « Vous ne pouvez pas savoir ce qu'on s'ennuie à Londres un dimanche ! Je m'y étais rendu le samedi, c'était déjà intolérable, le dimanche, c'était impossible, et le lundi je trouvai enfin quelque chose à faire : je me mariai. »

    A partir d'avril 1905, Sacha Guitry vit avec Charlotte Lysès (née à Paris le 17 mai 1877). Lucien Guitry, ayant pour l'actrice des sentiments semblables à ceux de son fils, prend mal la chose. Mais Charlotte Lysès et Sacha Guitry se marient le 14 août 1907 à Honfleur. Elle crée 19 pièces de son mari et reprend Nono en 1910. Séparés en avril 1917, leur divorce sera prononcé le 17 juillet 1918. Charlotte Lysès est décédée à Saint-Jean-Cap-Ferrat le 6 avril 1956.

    A partir d'avril 1917, Sacha Guitry vit avec Yvonne Printemps (née à Ermont le 25 juillet 1894). Il l'épouse à Paris le 10 avril 1919 avec comme témoins Sarah Bernhardt, Feydeau, Lucien Guitry et Tristan Bernard. Durant leur vie commune, Yvonne Printemps crée 34 pièces de Sacha Guitry, en reprend 6 autres et interprète un de ses films. Séparés le 15 juillet 1932, leur divorce sera prononcé le 7 novembre 1934. Yvonne printemps est décédée à Neuilly-sur-Seine le 18 janvier 1977.

    A partir de 1932, Sacha Guitry vit avec Jacqueline Delubac (née à Lyon le 2 mai 1907). Il l'épouse à Paris le 21 février 1935. Elle jouera 23 pièces de son mari, dont 10 créations et 13 reprises à Paris et en tournée. D'autre part, elle interprétera 11 de ses films. Séparés le 15 décembre 1938, leur divorce sera prononcé le 5 avril 1939. Jacqueline Delubac est décédée à Paris le 14 octobre 1997.

    A partir de 1939, Geneviève de Séréville (née à Saint-Just-en-Chaussée le 3 mai 1914) partage la vie de Sacha Guitry. Leur mariage est célébré les 4 et 5 juillet 1939 à Fontenay-le-Fleury. Elle crée 5 pièces de son mari à Paris, en reprend 4 autres à Paris ou en tournée et interprète 5 de ses films. Séparés en avril 1944, leur divorce est prononcé le 25 juillet 1949. Geneviève de Séréville est décédée à Neuilly-sur-Seine le 6 juillet 1963.

    Lana Marconi (née le 8 septembre 1917) vit avec Sacha Guitry à partir de mai 1945. Il l'épouse le 25 novembre 1949 à Paris. Elle crée 7 pièces de son mari, en reprend 2 autres et interprète 12 de ses films. Lana Marconi est décédée à Neuilly-sur-Seine le 8 décembre 1990.

     

    Les amis

      Sacha Guitry a eu une vie extraordinaire. Il est le fils de Lucien Guitry qui fut un très grand acteur de théâtre, voir même le plus grand comédien de son temps et auquel Sacha Guitry voua une admiration sans bornes bien qu’ils furent fâchés quelques temps. Il eut comme amis de grands peintres comme Claude Monnet dont il possédait plusieurs tableaux. Ajoutons que Sacha Guitry (piètre peintre il faut quand même le dire) eut l’honneur de faire un portrait de Claude Monnet. Mais il côtoya en outre de grands écrivains comme Alphonse Allais (rencontré en 1905 et avec qui il écrivit une pièce), Georges Courteline, Octave Mirbeau, Georges Feydeau, Tristan Bernard, Anatole France, Edmond Rostand. Ainsi il eut comme amis intimes les plus grands génies du début de ce siècle. Il leur témoignera son admiration en les filmant en 1915 dans un film "Ceux de chez nous" qui les présente en pleine séance de travail. Collectionneur averti, il eut une passion pour les œuvres de ses amis et en fut grand amateur. Il n’hésitera pas en outre à mettre aux enchères de très belles pièces afin de participer à des œuvres de charité.

     
     
     sources
      
     
     
     
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