Alors qu'il sort un Almanach 2016–2017, Pierre Bellemare revient sur ses souvenirs d'enfance.
"Est-ce parce que cet événement douloureux a effacé de ma mémoire les faits antérieurs, mais mon premier souvenir, j’avais un peu plus de 5 ans, est celui de mon père m’annonçant en larmes, la mort de ma sœur Christiane.
A 14 ans, victime d’une phitsie galopante, elle est décédée, en trois mois.
Pour me préserver pendant sa maladie, mes parents m’avaient confié à ma grand-tante qui habitait rue Lamarck à Montmartre.
J’adorais la Butte et son ambiance.
Mais je suis retourné chez mes parents après l’enterrement de Christiane, rêvant chaque nuit qu’un monstre me poursuivait, me lançant des blocs de glace.
La disparition de ma sœur a totalement bouleversé la vie de notre famille.
Notre appartement, boulevard Saint Jacques près de Denfert Rochereau, est devenu silencieux. Ma maman a sombré dans la mélancolie, est tombée malade de chagrin.
Et nous ne sommes plus jamais allés en vacances au bord de la mer, privilégiant l’air de la montagne, plus sain, ou celui de la campagne, en Normandie d’où mon père était originaire.
Ces vacances étaient mes vrais instants de bonheur, les seuls où je pouvais jouir de la présence paternelle, m’évader du quotidien, retrouver une véritable insouciance.
Je me rappelle avec émotion cette si belle Suisse Normande et le
château de Pontécoulant appartenant à la comtesse de Barrère, parente célibataire de papa.
Pierre Bellemare, écrivain, homme de radio, animateur et producteur de télévision, a été hébergé un temps au château à son arrivée en 1939 à Pontécoulant où il a préparé son certificat d'étude
Nous nous y sommes réfugiés pendant la guerre.
J’aimais tellement ces paysages, ces vallées, ce vert si dense, que j’ai choisi, il y a quelques années, d’acquérir une maison en Dordogne.
La sœur jumelle, en moins humide, en plus ensoleillé de cette Basse-Normandie, si attachante et splendide.
Comme quoi nous ne quittons jamais tout à fait les lieux chers à notre enfance.
Issu d’une lignée d’aristocrates ruinée par les fameux emprunts russes, mon père par son éducation, son milieu, n’était nullement préparé à gagner sa vie en travaillant.
Marié à une petite cousette montmartroise, pour nous élever mes deux sœurs et moi, nous offrir des vacances, mon père accomplissait des prouesses, sans jamais rien laisser paraître.
Je m’en rends compte maintenant.
Je le vois encore partir chaque semaine vendre des ouvrages de collection pour le compte de libraires qu’il connaissait bien. Je le vois, revenir épuisé et continuer cependant à travailler pendant le week-end et même pendant ses congés.
L’animateur de télévision, Pierre Bellemare, est revenu sur les traces de son enfance à Pontécoulant cet après-midi.
Ce passage au bord de la Druance a été l’occasion de retrouver quelques-uns de ses anciens camarades de classe.
Sa famille avait quitté Paris pour se réfugier au château au début de la Deuxième Guerre mondiale, de 1939 à 1940.
Son père fut gardien des lieux et l’exécuteur testamentaire, à la mort de la comtesse de Barrère en 1908.
Il n’arrêtait jamais, souhaitant que nous ne manquions de rien, que nous ne puissions pas nous apercevoir que ses finances étaient justes, très justes.
Je n’ai jamais rien vu, rien deviné.C’était un homme formidable mon père, grand lecteur, collectionneur d’éditions rares. Curieusement, chaque année, il offrait à maman un almanach, j’ai oublié lequel. Peut-être un almanach régional de Normandie. Tous les deux le consultaient régulièrement.
C’est ce qui, m’a donné l’idée d’éditer le mien avec des tas de conseils, d’illustrations. Inconsciemment par cet ouvrage j’ai retissé des liens avec mes parents disparus.
Avec ma maman si triste, qui chaque saison me confectionnait de petits vêtements, me tricotait d’élégants gilets et pulls. Et qui un jour au bal, dans la salle du Magic City a conquis mon papa. Comme quoi les histoires s’écrivent étrangement.
Le Magic City était installé au 13 rue Cognacq Jay, exactement à l’emplacement où quelques années plus tard j’ai enregistré mes premières émissions.
La vie finalement, malgré ses drames, est formidable, un maelström de surprises!"
Par Anne-Marie Cattelain-le-Dû
Crédits photos : abaca
Pierre Bellemare a retrouvé ses anciens camarades, hier, au château de Pontécoulant. |
Reportage
« Les odeurs de mon enfance sont toujours là. » L'animateur de télévision Pierre Bellemare est revenu sur les traces de son enfance hier après-midi à Pontécoulant.
Ce passage au bord de la Druance a été l'occasion de retrouver quelques-uns de ses anciens camarades de classe.
« J'ai passé une saison dans l'école communale de septembre 1939 à juin 1940. » Pierre Bellemare avait dix ans à l'époque.
Sa famille avait quitté Paris pour se réfugier au château au début de la Seconde Guerre mondiale.
« Un paradis pour mon père »
« J'ai fait ma communion avec lui, se rappelle Roger Letondeur. J'avais 11 ans.
Sa famille avait plus de moyens que la mienne.
Il me prêtait son vélo, j'ai appris à en faire avec lui.
Il venait de temps en temps dans la ferme de mes parents.
Il a toujours été un bon gars, généreux. » Les retrouvailles ont été parfois empreintes d'émotion. « Vous vous souvenez de moi ? On était à l'école ensemble », lance Roger Lecois, les larmes aux yeux. Pierre Bellemare marque un temps d'hésitation. Affable et disponible, il prend le temps et discute de bonne grâce.
« A chaque fois que je revois ce château, je suis ému », dit-il à l'assemblée réunie dans une des pièces du château.
Son père fut gardien des lieux et l'exécuteur testamentaire, à la mort de la comtesse de Barrère en 1908.
Pierre Bellemare poursuit :
« Ce pays a été un paradis pour mon père. Il a été chargé de faire respecter la volonté de Madame de Barrère, qui voulait en faire un musée lors du don au Département. »
Il possède d'ailleurs le testament de la comtesse.
L'animateur prend un malin plaisir à égrainer les anecdotes.
« Je me souviens de l'épicerie de Madame Madeleine.
C'était extraordinaire. Il y avait de tout, avec une odeur indescriptible.
On faisait quelques bêtises avec les copains, on fumait des petits cigares en cachette. »
Une partie de ces souvenirs sont relatés dans son dernier livre autobiographique, Le bonheur est pour demain, qu'il est venu dédicacé hier matin en avant-première à la médiathèque de Condé-sur-Noireau.
Le maire de Pontécoulant, Jean-Pierre Mourice, est à l'origine de cette invitation.
« C'est une fierté pour la commune.
Sa famille a joué un rôle important dans l'histoire de Pontécoulant.
Après la guerre, son père est à l'origine de la rénovation du château. »
La trentaine d'invités a accompagné Pierre Bellemare lors d'une visite de la majestueuse demeure. Intarissable, l'homme de télévision a capté son auditoire.
A chaque pièce, il s'est remémoré les moments de son enfance avec son talent d'orateur.
« Ça fait plaisir d'être là, à côté de lui, souffle Roger Lecois.
Je ne l'avais jamais revu depuis l'école, sauf à la télé bien sûr. »
SOURCES
http://www.ouest-france.fr/pierre-bellemare-sur-les-traces-normandes-de-son-enfance-194546