Pierre Richard-Willm naît Alexandre Pierre Richard le 3 novembre 1895, à Bayonne, l’une des sous-préfectures du Pays Basque français. Il perd très jeune sa mère. C’est un enfant sensible au tempérament d’artiste dans les domaines du dessin et de la musique.
Elève introverti, c’est en prenant des cours d’art dramatique qu’il se révèle.
À vingt ans, il est appelé sous les drapeaux. Il se retrouve à Verdun, dans l’enfer des tranchées. Après la Grande Guerre dont il affirme avoir échappé par miracle, il envisage de se faire comédien et se produit en amateur tous les étés au « Théâtre du Peuple » de Bussang dans les Vosges.
C’est Maurice Pottecher, poète et écrivain humaniste, qui a fait construire en 1895, une immense baraque en bois presque en pleine nature, pour accueillir ceux qui ne peuvent jamais aller au théâtre. Remarqué par le directeur d’une scène parisienne, le jeune Richard est engagé dans un théâtre de la capitale sous le pseudonyme de Richard Willm, noms de famille de son père et de sa mère.
Puis, dira-t-il, pour s’acheter un piano, il accepte un premier contrat au cinéma en 1930. Il devient alors Pierre Richard-Willm et connaît une carrière éblouissante.
Il est de la distribution de tous les grands films français de l’époque.
Il joue dans le registre dramatique et avec une certaine raideur qui pourrait paraître artificielle de nos jours. Pourtant avec son élégance, son physique avantageux et ses sourires rares mais d’autant plus précieux, il charme indubitablement les spectatrices de tous les âges. Il interprète souvent des rôles de militaires: «Un soir au front» (1931) de Alexandre Ryder, «Le grand jeu» (1934) de Jacques Feyder, avec Françoise Rosay.
Il est souvent aristocrate et russe: en 1934, «Les nuits moscovites» avec Annabella; en 1936, «Au service du Tsar» avec Suzy Prim; en 1937, «Yoshiwara» de Max Ophüls avec Sessue Hayakawa, mais aussi «La princesse Tarakanova» de Fédor Ozep; en 1938, «Tragédie impériale» de Marcel L’Herbier, avec Harry Baur. Il est le héros de nombreuses œuvres littéraires adaptées à l’écran: «La maison dans la dune» (1934) avec Madeleine Ozeray, «Anne-Marie» (1935) avec Jean Murat et «Courrier sud» (1936) avec Jany Holt. Pour ces deux films l’aviateur-écrivain Antoine de Saint-Exupéry double l’acteur pour les scènes en vol.
Pendant l’occupation allemande, Pierre Richard-Willm n’apparaît que dans cinq films dont «La duchesse de Langeais» (1941) auprès de Edwige Feuillère, les deux épisodes du «Comte de Monte Cristo» (1942) où il est un très convaincant Edmond Dantès et «La fiancée des ténèbres» avec Simone Valère, qui sort sur les écrans en mars 1945. L’année suivante Pierre tourne «Rêves d’amour» de Christian Stengel. C’est son trente-neuvième et dernier film. Il a cinquante ans, il interprète un rôle qui a du lui plaire, celui de Franz Liszt. Mila Parély est George Sand, Jules Berry joue Belloni.
Puis les spectateurs n’entendent plus parler de l’acteur. On raconte qu’il mène une vie misérable. On l’entoure d’une légende funeste. En 1975, il fait paraître un très beau recueil de souvenirs et de dessins «Loin des Étoiles», où il raconte sa vie et les années qu’il a consacrées au «Théâtre du Peuple», dont il a assuré la direction de 1936 à 1969. Le cinéma n’a été pour lui qu’un bel entracte. Quelle extraordinaire leçon de modestie ! Pierre Richard-Willm s’éteint à Paris, le 12 avril 1983. Dans ces dernières volontés, il demande à reposer dans le cimetière de Bussang, près de son cher théâtre à la campagne.
© Caroline HANOTTE