• Georges ROUQUIER

     

     

     

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
    GEORGES ROUQUIER, réalisateur et acteur de cinéma.

     

     

     

    Georges ROUQUIER

    est né le 23 juin 1909 à Lunel Viel, dans l'Hérault, d'un père Aveyronnais et d'une mère Languedocienne.
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    Jusqu'à l'âge de cinq ans sa vie est sans histoire - simplement il se sent un peu seul. Sa mère tient une petite épicerie à Montpellier et a peu de temps à consacrer à son fils. Il en est de même pour son père, très pris par la laiterie qu'il exploite avec un de ses frères à Lunel. Le petit Georges rêve. Un de ses divertissements favoris est le cinéma qu'il a découvert parce qu'il y a une salle tout près de l'épicerie. Il n'a pas beaucoup d'argent à dépenser, aussi prend-il les places les moins chères, celles qui sont situées derrière l'écran. C'est en voyant les films à l'envers que naît en lui la passion du cinéma. 1914. La guerre éclate.

    Son père est appelé sous les drapeaux. Tout s'assombrit autour du petit Georges. Sa mère est triste et pleure souvent. Partout, on entend le mot guerre mais ce mot ne signifie rien pour Georges ROUQUIER. Cependant, il pressent que cela veut dire : malheur.

    En 1915, au mois de février, le père de Georges est tué à Verdun. Il a 33 ans, Georges 6. Tout bascule. Sa mère qui est couverte de dettes doit se séparer de l'épicerie et aller travailler chez les particuliers. Elle décide donc d'envoyer son fils passer quelques mois chez son oncle à Goutrens à la ferme de Farrebique. Georges y fait la connaissance de ses cousins et cousines qui l'accueillent comme un frère. Il y restera six mois. Puis, retour à Montpellier pour aller à l'école.

    À l'âge de 14 ans, il veut travailler pour aider sa mère. Il est embauché comme apprenti typographe dans une imprimerie de Montpellier.

    À l'âge d 16 ans, il "monte" à Paris où sa cousine Renée, qui vient de s'y installer avec son mari, le caricaturiste Albert Dubout, l'hébergera et l'aidera à trouver un emploi. Après quelques déboires, il trouvera une place de linotypiste à l'imprimerie du Droit à Choissy-le-Roi. Maintenant qu'il gagne sa vie, il peut retourner au cinéma et il fréquente assidûment ce qu'on appelait alors "Les temples du cinéma" : "LES URSULINES", le "CINÉ LATIN", et plus tard le "STUDIO 28". Il devient un cinéphile assidu et lit diverses revues de cinéma "pour être au courant de tout". Un jour, dans l'une de ces revues, il voit une interview d'Eugène Deslaw où celui-ci raconte comment il avait tourné sa "SYMPHONIE DES MACHINES" et où il précisait que ce film lui avait coûté 2500 francs. La réaction de ROUQUIER fut immédiate : "2500 francs!et il y en aurait qui ferait cu cinéma et pas moi ?" Pour économiser cette somme plus rapidement il demande à faire des heures de nuit. Et un jour, enfin, il a ses 2500 francs. Il part aussitôt dans son Midi et tourne "VENDANGES" (1929). Malgré la bonne critique de Maurice Bessy, ROUQUIER n'est pas satisfait.

    C'est la naissance du cinéma parlant. Maintenant il faut beaucoup plus d'argent pour faire du cinéma. Ses rêves s'écroulent.

    Mais en 1942, treize ans après "VENDANGES", le hasard donne une vraie chance à ROUQUIER lorsqu'il fait la connaissance d'Étienne Lallier, un producteur qui accepte de financer "LE TONNELIER". Le tournage doit avoir lieu dans le Midi. C'est l'occupation, la France est partagée en deux et passer la ligne de démarcation n'est pa une mince affaire. En 1943, au Congrès du Film Documentaire,"LE TONNELIER" obtiendra le Grand Prix ex-aequo avec deux autres courts-métrages.

    Cependant, ROUQUIER craignant d'être requis par le STO et envoyé en Allemagne décide de se jeter à l'eau et de tenter de devenir un cinéaste à part entière en acceptant des films de commande. Ainsi tournera-t-il cette même année trois courts métrages :

    "LE CHARRON", "LA PART DE L'ENFANT" et "L'ÉCONOMIE DES MÉTAUX".

     

    En 1944, Lallier lui propose de réaliser un long métrage qui s'articulerait autour des quatre saisons. Ce sera "FARREBIQUE" qui remporte outre le Prix de la Critique Internationale à Cannes en 1946, plusieurs autres prix dont le Grand Prix du Cinéma Français, la Médaille d'Or à Venise, et le Grand Épi d'Or à Rome.

    En 1948, il tournera "L'ŒUVRE SCIENTIFIQUE DE PASTEUR" avec Jean Painlevé. Ce film terminé, ROUQUIER tente de mettre sur pied un projet sur l'un des plus beaux exploits du Général Leclerc "LA PRISE DU FORT DE KOUFRA". Il n'y réussira pas.

    En 1949, il tournera "LE CHAUDRONNIER" et deux ans plus tard "LE SEL DE LA TERRE", film sur la Camargue.

    À la même époque, il réalise deux films chirurgicaux avec le Professeur Merle d'Aubigné.

    En 1952, il tourne "UN JOUR COMME LES AUTRES" pour l'office de prévention contre les accidents du travail et "LE LYCÉE SUR LA COLLINE" pour l'Éducation Nationale.

    En 1953, ce sera "MALGOVERT", le percement d'une galerie à travers la montagne entre le barrage de Tignes et de Bourg St. Maurice.

    Il tournera surtout "SANG ET LUMIÈRE", un long métrage en couleur, tiré d'un roman de Joseph Peyré,

    Le tournage, en 1955, de "HONEGGER", fut difficilecar le compositeur à qui est consacré ce documentaire était gravement malade. Ce film obtiendra le prix du Film d'Art à Venise en 1957.

    Puis, de nouveau, un film de commande, "LA BÊTE NOIRE".

    Entre 1954 et 55, il tourne "LOURDES ET SES MIRACLES", long métrage d'une heure et demi, divisé en trois parties : Témoignages - Pèlerinage et Imprévu. La caméra de ROUQUIER présente les événements et laisse au spectateur le soin d'élaborer sa propre opinion.

    Cette même année, ROUQUIER tente une fois encore l'aventure de la fiction avec "S.O.S. NORONHA", film inspiré d'un fait réel : une station de radio-guidage au large de la côte Brésilienne est attaquée par des forçats pendant que Mermoz tente de relier Natal à Dakar pour y transporter le courrier postal.

    En 1957 ROUQUIER prêtera sa voix au film de Chris Marker "LETTRE DE SIBERIE".

    En 1958, il tourne UNE BELLE PEUR", film sur la prévention des accidents chez les enfants. et "LE BOUCLIER", son troisième court-métrage sur la prévention et la sécurité.

    Au Canada, il tourne, "LE NOTAIRE AU TROIS PISTOLES", puis en 1963 "SIRE LE ROY N'A PLUS RIEN DIT".

    De 1960 à 1965 ROUQUIER tournera plusieurs films pour les Ministères et organismes officiels, tant en France qu'en Afrique....

    Il interprétera le rôle de Voltaire dans le film "MANDRIN" de J.P. Le Chanois et celui du médecin dans "NOUS N'IRONS PLUS AU BOIS" de G. Dumoulin.

    En 1967, il incarne Mathieu, rôle principal dans "PITCHI POI", d'après une œuvre de François Billetdoux, dramatique en Eurovision, tournée dans 17 pays d'Europe.

    En 1968 il est Jeff dans le film de Jean Herman avec Alain Delon, et le Procureur Général dans "Z" de Costa-Gavras. En 1972, il interprète le peintre Battestini dans "LE SECRET DES FLAMANDS". Quelques années plus tard, il se glissera dans la peau dans un autre peintre "LEONARD DE VINCI" de Pierre Lary

    Durant les années 1972-73 il est producteur de la série "LES SAISONS ET LES JOURS" pour la 2e chaîne.

    En 1976, il tourne LE MARÉCHAL FERRANT" qui obtiendra le César du Court Métrage du Documentaire.

    1981, ROUQUIER interprète deux rôles : celui du père Pivel dans une dramatique TV, puis le maître-verrier dans "L'AMOUR NU" de Yannick Bellon.

    1982-89
    ROUQUIER réalise enfin "38 ANS APRÈS", son vieux rêve de donner une suite à "FARREBIQUE. Ce sera BIQUEFARRE". Ce film obtient le Grand Prix spécial du Jury au Festival de Venise en 1983.

    Georges ROUQUIER s'éteint le 19 décembre 1989, à l'âge de 80 ans, à Paris.

     

    sources : http://www.lips.org/bio_Rouquier.asp

     

      Farrebique / Biquefarre

     
    Il n'y a que Kto, la chaîne catho, pour programmer Farrebique un après midi de semaine.
    Il faut être un chômeur invétéré pour le voir... mais quel bonheur!

    Dans l'immédiate après guerre, Georges Rouquier plante sa caméra à Farrebique, son village natal de l'Aveyron. Il en sort un film à mi-chemin du documentaire ethno-sociologique et de la fable naturaliste. Farrebique est une longue ode au monde paysan, alors immémorial. Les travaux des champs, le puis, la table des veillées, les bêtes, les mariages et les naissances, les enterrements... la vie s'écoule au rythme des saisons sur un pas de bourrée en sabots, entre copains quand le vin chauffe la tète.
     
    L'électricité arrive enfin à la ferme, pour la plus grande joie des jeunes et la défiance des anciens qui ont encore les principes de la société paysanne, autarcique et démonetarisée d'Avant : C'est cher! craignent-ils de ne pas trouver l'argent ? Les paysans comptent leurs sous et ne s'endettent pas.
     

    Tourné en décors réels, avec des acteurs du cru, la plupart de sa propre famille, Farrebique est un O. P-rojeté- N. I. dans la production cinématographique de 1946. Il devance la nouvelle vague de quinze années et les paysans acteurs de Rouquier ont visiblement influencé le jeu (?) de Jean-Pierre Léaud (ok, ça se veut une vacherie!).


    Entre Jour de fête de Tati et L'Atalante de Jean Vigo, Rouquier montre les choses qu'il connaît, avec une simplicité pourtant parfois lyrique : J’aime le documentaire, parce qu’il est l’expression cinématographique de la vérité. Farrebique est un "film vrai" parce qu’il a été tourné dans un vrai village du Rouergue avec de vrais paysans pour interprètes. Je veux faire vrai et simple explique t-il.


    Certains critiques ne se trompent pas: "Voici un film qui vivra longtemps dans la mémoire de ceux qui auront la chance, un jour, de tomber sous son charme" (The New York Times, 24 février 1948.);

     

    "Je suis de ceux qui sont sortis de la projection de Farrebique complètement bouleversés. Rares en effet sont les films où l'on sent à ce point la présence du cœur. Mais plus encore peut-être, ce qui m'émeut profondément dans le film de Rouquier, en même temps que cet amour de la nature d'une force lyrique extraordinaire, c'est sa pureté." (Marcel Carné, 4 octobre 1946);

     

    "Je tiens Farrebique pour un grand événement. Un des très rares films français qui, ait pressenti la révolution réaliste dont le cinéma avait besoin (…)Un critique cinématographique, sans doute trop distingué, se plaint dans son papier d'avoir vu les vaches bouser, la pluie tomber, les moutons bêler, les paysans patoiser, de quoi, dit-il, le dégoûter de la campagne. De quoi vous dégoûter des critiques de cinéma." (André Bazin, critique).


    En 1983, Rouquier retourne à Farrebique et plante sa caméra aux mêmes endroits. Pas tout à fait, la vieille ferme est abandonnée pour une maison moderne avec du formica. Le puis, le four à pain sont en ruine. La motorisation à gagné la campagne et les champs se sont vidés des animaux. Raoul vend sa ferme pour aller travailler en ville. Il refuse de faire des animaux en batterie, de remplir des papiers, de doser les aliments médicamenteux et les poisons insecticides.

    L'industrialisation a bouleversé un mode de vie. L'endettement est entré dans les moeurs: Il faut s'agrandir, encore s'endetter, rabbache le fils au père incrédule. Construire des bâtiment modernes et s'équiper d'une machinerie infernale. Faut-il vendre Biquefarre?


    L'argument est ténu mais ce n'est pas l'important. La narration de Rouquier est précise, il dresse un tableau en forme de réquisitoire sur le renversement des valeurs. Il n'y a rien à ajouter au montage, en parallèle, des scènes d'allaitement des veaux sous la mère, tendrement léchés, et en batterie, la tète dans un sceau, cherchant le contact, leurs cous hors des grilles des boxes. Il montre l'incarcération, le défilé des vaches et la traite à la chaîne. La force du documentariste tient dans son effacement, reste un long silence accusateur. Il croque le portrait d'une campagne désormais sans animaux, celui d'un paysan ouvrier, simple rouage d'une machine qui le dépasse.


     

    Le réalisateur est décédé à 80 ans, en 1989. Il existe dans l'écriture des sécheresses fertiles. L'écriture de Rouquier a la concision, la sérénité et la rigueur austère d'un classique. M. Morandi; Il Giorno (Venise), 1983.

    Farrebique / Biquefarre, complètement ignoré en France, est régulièrement étudié dans les universités et les écoles de cinéma américaines. Il est cité par Spielberg et Coppola comme un film essentiel dans l'Histoire du 7e art.


    Farrebique ou les quatre saisons; 1947; Grand Prix de la Critique internationale à Cannes (1946), Grand Prix du Cinéma français (1946 ), Médaille d'or à Venise (1948), Grand Epi d'or à Rome (1953).

    Biquefarre; 1983; Grand Prix Spécial du Jury au Festival de Venise 1983; Sélection à Cannes 1983

     

    SOURCES

    SUPERBE BLOG -

    baniere-rouge
    Les lettrages proviennent de l'
    Agence Eureka

      

      

     

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